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Ah, les toilettes…

La chronique de Sylvie Barth

Triomphe d’hygiène publique et désespoir des mères de famille, l’équipement phare du modernisme conjugue les intérêts de tous… Du bébé qui en ferait volontiers sa bassine à canards sinon sa fontaine personnelle, à l’ado persuadé que la chasse s’y tire toute seule, voire que les rouleaux pleins remplacent d’eux-mêmes leurs congénères vides sur les présentoirs, les «étoilettes» de nos enfances enchantées n’en ont pas fini de nous surprendre. Note : depuis des temps immémoriaux, les femmes y sont préposées à passer la brosse ; tâche noble dont leurs mâles progéniture et conjoint s’exemptent tout net, eu égard au respect dû à la production familiale privée entre toutes : la crotte.
Par ailleurs absorbeurs de papiers compromettants, détrempeurs de revues ou réceptacle à repas honnis - sans compter destinataires involontaires de smartphones en déroute -, les WC rassurent les cuisinières sur la destinée ultime de leurs réalisations. Ils les alertent aussi, surtout par leur odeur, sur les menaces sanitaires s’abattant sur les membres de la famille. De parfaits lanceurs d’alertes.
Notons que ces derniers ne mobilisent les hommes que quand ils se bouchent définitivement. Au milieu des imprécations s’ouvre la cérémonie des produits souverains et de la ventouse orangée. Nos héros des tuyaux se douchent enfin en grommelant, sans lésiner sur le gel aux notes boisées, mais auréolés de la reconnaissance collective dédiée à leur viril dévouement.
Les lieux d’aisance se révèlent parfois aussi le théâtre de scènes charmantes… Une maman y a découvert un soir que sa fille avait appris à lire. Assise à côté du trône, entourée de flacons vides, dans une fragrance chargée mais indéniablement florale, la petite de remarquer ingénument : «Eh maman, t’a vu, il y a marqué “Eau de toilette” sur toutes tes bouteilles !». A la préadolescence, ils sont aussi le témoin d’événements intimes qui marquent une existence, comme les premières règles ou les premiers émois adolescents.
Enfin, il faut l’avouer : les mamans en profitent parfois pour s’y calfeutrer, de nuit comme de jour. Elles finissent délicieusement, à l’abri de leurs tribus, un roman à l’eau de rose ou une revue qui, au parfum discret du diffuseur à la violette, y restaurent définitivement leur dignité trop souvent bafouée.

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