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Comment exister par soi-même?

© istockphoto
La vie de couple est parfois assimilée aux renoncements et aux compromis frustrants. Pourtant, elle peut se révéler un lieu de vie propice pour s’accomplir. Réflexions.

Pour certains, se marier, c’est renoncer à sa liberté, se mettre sous le joug de l’autre, dans le carcan d’une vie familiale qui viendra annihiler toute possibilité d’expression individuelle. Dans notre société qui valorise à l’extrême l’autonomie et la liberté de l’individu, ce sacrifice paraît trop lourd. Sans doute est-ce une des multiples raisons qui font que le mariage n’a plus tellement le vent en poupe?
Chez des couples déjà unis, s’ils sont dans une période d’insatisfaction, cette croyance produit un sentiment d’injustice et une envie de rébellion. «Si mon conjoint m’étouffe, n’ai-je pas le droit, ou le devoir, de m’éloigner pour pouvoir exister?» Dans cette période de questionnement, l’envie de redécouvrir ses aspirations individuelles est proportionnelle au sentiment de frustration.

Temps de faire une pause?
La naissance des enfants ouvre une période où un certain nombre de tâches indispensables mobilise attention, énergie et temps. Certains parents ont alors l’impression de ne plus avoir «une minute pour eux». Avec la fatigue peut s’insinuer la peur de ne pas sortir de cette situation.

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En tant qu’époux et père, la crainte d’être submergé, dépassé. En tant qu’épouse et mère, de devoir nier ses besoins personnels, sa créativité… Sur le moment, on ne voit plus le sens de cette course. L’environnement ambiant suggérera alors qu’il est temps de faire une pause; une certaine conception de la psychologie viendra soutenir l’illusion que pour se retrouver, il faut rompre les liens, retrouver son droit à la solitude. Mais en croyant que l’herbe est plus verte ailleurs, en se considérant comme victime, on se fourvoie souvent.

Vers un meilleur soi-même
Le sens du mariage n’est pas d’écraser la personnalité des époux. Au contraire, l’objectif est de permettre, dans un face-à-face alternant avec le côte-à-côte, de s’offrir un soutien mutuel afin de progresser vers le meilleur de soi-même. Cet idéal peut paraître utopique. Il est pourtant constitutif même du projet conjugal: découvrir un possible à deux, que seul on n’aurait pas visité. Et cette ouverture fonctionne aussi bien pour des projets de couple que pour des réalisations individuelles. Le travail à faire pour chacun est de trouver les moyens, mais aussi les périodes de vie (car il faut parfois un peu de patience) pour développer ses propres chemins de réalisation, sans pour autant les imposer à l’autre.

Être au service sans être esclave
La vie de couple n’est pas une succession de renoncements ou de compromis frustrants. C’est, dans un dialogue inventif, l’occasion d’exercer ses talents propres, en concordance avec les besoins de son conjoint et de ses enfants. Sans opposer égoïsme et altruisme, insouciance irresponsable et sacrifice, il existe un chemin pour trouver sa joie en faisant du bien. Pour être au service, tour à tour, l’un de l’autre et de la famille, sans être esclave. Pour composer le puzzle de l’emploi du temps familial en dégageant des espaces de respiration individuelle et conjugale.
Le couple et la famille sont, par essence, des lieux de vie dont on attend force, sécurité, bien-être. Soutien donc idéal pour exister, et développer la capacité d’être soi-même.

Nicole Deheuvels

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