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Entre mecs soit dit: Les soirées “Nous” ne sont pas un luxe

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Nouvelle rubrique
Christian Willi

«Lorsque mes amis me parlaient de soirées “Nous”, je trouvais l’idée d’un autre temps. Aujourd’hui, vingt ans après, je me mords les doigts.» Fred traverse une crise conjugale qu’il se serait bien épargnée, surtout qu’il ne l’a pas vue venir. Son couple n’a pas connu de conflit.
A la fin des années 90, la mode de réserver si possible un soir par semaine pour un temps particulier en couple avait été largement encouragée par des organisations comme le Forum des Hommes et ses journées masculines en Suisse. L’idée était de renforcer l’intimité relationnelle, de nourrir et approfondir la relation conjugale.
Matthieu et son épouse Cristina ont été plus intentionnels. Durant des années, ils ont réservé le vendredi soir de chaque semaine pour vivre un temps de qualité. Lorsque l’épreuve a frappé à la porte de leur famille, le lien fort qu’ils avaient développé a permis de surmonter le choc et de se soutenir mutuellement.
Bien sûr, avec des enfants devenus ados, il a été plus difficile de faire de cette soirée une priorité. «Nous avons investi dans nos enfants, en les accompagnant à des activités importantes pour eux, afin de leur montrer notre amour.»
Mais ces temps réguliers en couple ont clairement été providentiels pour Matthieu et Cristina. «Oui, au début, il a fallu trouver nos marques, chercher une forme qui allait favoriser le renforcement de notre lien.» Repas en tête-à-tête à la maison ou au restaurant, balade après avoir servi à manger aux enfants et leur avoir donné des consignes pour la soirée: ces soirées ont pris plusieurs formes.
Fred et son épouse Nathalie ont eu des enfants à peu près en même temps que Matthieu et Cristina. La place prise par les enfants, qui n’avaient pas une grande facilité scolaire, et les engagements de part et d’autre ont réduit petit à petit l’espace disponible pour le couple. Une distance s’est installée, sournoisement et sans bruit.
Le jour où Nathalie a annoncé à son mari qu’elle s’était détachée de lui et qu’elle remettait en question leur vie de couple, le ciel est tombé sur la tête de Fred. Il n’a rien vu venir. Et, c’est vrai, il s’était habitué à un fonctionnement qui, avec le recul, ne lui a pas non plus donné satisfaction.
Aujourd’hui, il regrette. Les soirées «Nous», il les vit douloureusement. Car au lieu de soigner le lien, d’approfondir l’intimité, lui et sa femme discutent des issues possibles pour leur vie de couple. «Les déceptions, les non-dits au fil des ans ressortent. C’est remuant, dur à entendre par moment. Nous essayons de les dépasser et de positiver. Mais quel effort, pour un maigre résultat, pour l’instant!»
Heureusement, tous les couples ne vont pas se retrouver dans cette extrémité. Il n’empêche, le dicton «Mieux vaut prévenir, que guérir» est de bon conseil.

Christian Willi

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