Skip to content

Magnifique, nos petits-enfants arrivent!

© iStockphoto
La chronique de Sylvie Barth, théologienne.

Quelle joie de ressortir briques de construction, petites voitures, feutres à l’eau, pinceaux ou antiques jeux de société! On a plaisir à déplier les lits parapluies, à revêtir tables et matelas de couleurs vives. Vite, regonflons les trottinettes et vélos et faisons provision de douceurs et de produits frais. Ah, où ai-je donc mis la pâte à modeler et les gommettes? Qu’est-ce qui passe au cinéma en ce moment?
Frimousses adorables, mimiques craquantes, les retrouvailles sont joyeuses, même si des ados ou des petiots peuvent redouter de quitter leurs routines. On surprend aussi les furtifs regards des parents impatients de se retrouver, les joues pâles d’un épuisement qu’on espère soulager en prenant le relais.
Et puis, il y en a des bons moments, des propos sages et fous, des confidences et des embrassades d’éternité, quand papa et maman ont filé. On en a, des questions aussi: jusqu’où poser des limites face à la nourriture, au sommeil, aux connexions «illimitées»? Que dire à ce petit jeune qui souffre tant des conflits parentaux, dont nous savons très bien la virulence? Comment gérer le typhon quotidien, avec nos jambes moins lestes et nos oreilles déshabituées au vacarme?
L’attendrissement face aux attitudes qui nous rappellent nos rejetons au même âge peut se colorer de sensations moins plaisantes, lorsque ceux-ci nous «usaient» semblablement… Nos doutes, nos embarras d’antan peuvent se doubler d’étonnement, face à la combinaison maturité intellectuelle-immaturité affective caractéristique de la jeunesse actuelle, face encore aux libertés qu’elle s’autorise en ne doutant de rien (ou de tout, ce qui peut revenir au même).
Par ici, les vilaines tentations: juger, «copiner» en marchant sur nos convictions et nos valeurs, comparer (poison!), voire usurper des places…
Alors oui, quand la remuante marmaille s’en va, gavée de petits plats et de confitures – non, on n’a (presque) pas ressorti le Nutella quand la petite a boudé sa gelée de coings ni les nuggets pour l’allergique au pavé de bœuf stroganoff – quand donc, disais-je, chaque petit a eu son content de bon air, de délices, de mots et de caresses, et qu’enfin les parents se résignent à «reprendre la main», pourquoi ne pas dire «ouf»?
Nous n’avons aucune raison valable de ne pas donner libre cours, in petto, à notre très lâche soulagement… Non, nous n’avons pas à faire entrer dans la tête de Noé les tables de multiplication qui s’en extirpent chaque minute que Dieu fait, ni à faire ingurgiter leurs cinq légumes et fruits quotidiens aux jumeaux fans de pât(at)es, pas davantage qu’à subir les rugissements de Kévin dès potron-minet!
Il y a vraiment un temps pour tout sous le soleil, disait l’Ecclésiaste. Ne fûmes-nous pas parents assez longtemps, n’avons-nous pas fait suffisamment notre part du travail, pour nous donner le droit de nous réjouir que ce tour-là soit passé… Alors même que nos articulations, nos cerveaux, voire nos estimés bijoux de famille nous certifient avec netteté que nos quarante ans se sont fait la malle depuis un bail? Bon, au fait… Quand est-ce qu’ils reviennent?

Magazine Family

Article tiré du numéro Family 4/19 Novembre 2019 – Janvier 2020

Thèmes liés:

Pour poursuivre la lecture, choisissez une des options suivantes:

Créer un compte gratuitement

Et profitez gratuitement de l'accès aux articles web réservés aux abonnés pendant 14 jours.

Ressemer les graines de la joie

Le quotidien étant doté de son lot de difficultés, Florence Servan-Schreiber, psychologue et conférencière, et Hélène Bonhomme, auteure et influenceuse, nous partagent quelques conseils pour retrouver de la joie en famille.

Publicité