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Mon ado rebelle adorée

Retrouvez la chronique de Myriam Demierre

Ces derniers temps, mon ado adorée est… comment dire? Ça finit en «able». Exécr… presque. Ador… sûrement pas! Epouvant… quasiment. Ah oui: invivable! J’ai donc essayé d’appliquer les méthodes que nous distillent ces journaux féminins qui nous veulent tant de bien; j’ai tenté, sans trop y croire, les solutions entendues lors des conférences données par des éducateurs ou psys qui avaient tout compris, mais n’avaient certainement pas eu les mêmes enfants que moi. Du désespoir, je suis passée aux tentatives d’intimidation, aux périodes de privations diverses (portable, sorties…). Mais, bredouille sur tous les fronts, j’ai dû constater que ces éclats de mauvaise humeur portaient un nom: «l’adolescence», et que le seul remède valable qui s’offrait à moi s’appelait «subir avec patience».
J’ai bien tenté de brandir la menace ultime: «Si tu continues comme ça, on t’envoie comme fille au pair en Suisse alémanique ou en Allemagne. Tu verras comment ce sera, là-bas!». Un peu comme on dirait à un petit enfant: «Si tu ne finis pas ta soupe, j’appelle l’ogre, et c’est lui qui va te manger!». Le problème, c’est qu’un ado est moins impressionnable qu’un petit! Et ce qui a pu marcher à une certaine époque n’est certainement plus valable à l’heure actuelle.
Loin de fondre en larmes, elle ricanait de plus belle:
«JAMAIS je n’irai en Suisse alémanique!». Et moi de soupirer: «Qu’on m’en débarrasse, par pitié!». Si j’avais imaginé ce qui me pendait au nez, je me serais retenue de penser! Penser est très dangereux, car il peut arriver que l’on soit exaucé à son insu…
Il se trouve, en effet, que mon ado adorée n’en fiche pas une à l’école. La réception des résultats semestriels a été un choc psychologique et l’occasion d’une grande conversation, durant laquelle mon ado adorée nous a fait sa révélation: «De toute manière, je n’ai jamais aimé l’école. Je ne sais pas ce que je fais là, je veux aller six mois comme fille au pair en Suisse alémanique». Incroyable! Voilà que mon ado adorée rebelle se met à suivre mes précieux conseils. Le vent commencerait-il à tourner?
Des démarches ont donc été effectuées. Des rendez-vous ont été pris. Une famille suisse alémanique, qui paraît merveilleuse, semble avoir été trouvée. Et moi, hier soir, face à cet événement tant désiré, qui devient subitement si concret et si proche, j’ai passé ma soirée à pleurer, à l’idée de voir ma fille, mon bébé, s’en aller!

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