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Mon enfant est-il hyperactif?

© Istock
Le quotidien d'un enfant atteint de Trouble de l'attention avec ou sans hyperactivité (TDAH) est souvent perturbé. Avec des conséquences aussi pour les parents et leur éducation. Comment cadrer un enfant atteint de TDAH et comment, en particulier, l'aider dans son apprentissage scolaire?

Julien préfère souvent tout arrêter. Tout ce qu’il entreprend échoue. Rien ne semble lui réussir. A l’école, c’est la catastrophe, les instituteurs ne cessent de le gronder. A la maison, les reproches ne semblent s’adresser qu’à lui. Aussi longtemps qu’il s’en souvienne, il a toujours eu tout le monde contre lui. Malgré tous ses efforts, la concentration lui fait toujours défaut, les erreurs se multiplient dans ses devoirs, sans compter les oublis. Bref, l’apprentissage ne fonctionne pas comme il faudrait…
Cet exemple illustre bien le quotidien d’un enfant atteint de Trouble de l’attention avec ou sans hyperactivité (TDAH). Les enfants concernés ont souvent droit à des commentaires du style: «Quand vas-tu te décider à te concentrer?», «Cesse de tourner dans tous les sens!», «Tu pourrais faire de meilleures notes, si tu n’étais pas aussi paresseux», «Sois plus attentif à l’école!».

Besoin d’être encouragés
Ces conseils, même s’ils partent d’un bon sentiment, ont des conséquences fatales pour les enfants souffrant de TDAH, qui se sentent blessés dans leur estime personnelle, incompris et démunis. S’installe alors une spirale négative faite de frustrations et de doute. Alors même qu’ils voudraient prouver leurs efforts et leur bonne volonté, ils n’y parviennent pas. Ils auraient plutôt besoin d’encouragements et de félicitations.
La critique constante renforce le sentiment d’échec et conduit à la défaite, alors que l’assurance personnelle se développera si le succès est récompensé par de la reconnaissance et des félicitations. Lorsqu’un enfant fait preuve de persévérance, il peut légitimement attendre des encouragements, qui peuvent par exemple prendre la forme d’une histoire supplémentaire racontée à l’heure du coucher ou même parfois d’un petit cadeau.

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Problèmes scolaires et difficultés à mûrir et à retenir les règles de vie
L’école est souvent le cauchemar des enfants TDAH. Qu’importe les efforts déployés, ils suffisent rarement à mettre en valeur le potentiel de l’enfant. Les raisons sont multiples, mais cela commence par un traitement différent de l’information. Leur rythme de travail, trop rapide ou trop lent, n’est pas adapté; leur attention est rapidement détournée par autre chose ou par des pensées qui trottent sans cesse dans leur tête. S’ensuivent des failles ou des erreurs dans l’apprentissage de la matière.
Autre carence, les enfants TDAH sont souvent oublieux, en raison d’une capacité de mémoire immédiate réduite. Cela péjore gravement le traitement des informations adressées.
Comme si cela ne suffisait pas, ils aiment traîner ou remettre à plus tard les tâches désagréables. Chaque occasion de penser à autre chose les détourne de leur activité. Il est alors déterminant que les parents, les enseignants ou les pédagogues mettent en place des stratégies pour aider l’enfant à travailler (lire à la page suivante).
On constate encore que les enfants TDAH nécessitent plus d’attention que d’autres enfants du même âge. L’accompagnement est plus long et l’indépendance de l’enfant plus difficile. Souvent, en effet, ils prennent du retard par rapport aux enfants de leur âge, ce qui explique leur réticence naturelle à jouer avec des camarades du même âge qu’eux.
Autre réalité, ces enfants n’apprennent généralement pas grand-chose des erreurs qu’ils commettent, parce qu’ils les oublient trop vite. En conséquence, certains «bons principes d’éducation» ne fonctionnent pas très bien avec eux et sont assimilés avec peine.

Quand les parents se culpabilisent
Quand un enfant souffre de TDAH, aussi bien les parents que l’enfant concerné sont confrontés à un sentiment de culpabilité. Les parents ont droit à des reproches de l’entourage sur l’éducation de leurs enfants. Les enfants, eux, se font traiter d’idiots ou de paresseux. La réalité, c’est que ni l’enfant ni les parents ne sont coupables de cette maladie. Et une attitude imparfaite des parents ne peut pas non plus expliquer le TDAH.
A la lumière des recherches actuelles, l’origine du TDAH doit être attribuée à un dérangement d’une fonction du cerveau. Ces troubles affectent les parties du cerveau liées à l’impulsivité, la concentration et la perception. L’environnement peut soit accentuer ce trouble, soit le diminuer. L’attitude d’un enfant sera influencée en mal si les structures familiales sont compliquées (nombreux changements de personnes de référence, déroulements journaliers peu structurés, consommation élevée du multimédia, etc.). Mais tous ces facteurs ne peuvent en aucun cas expliquer un déficit d’attention.
Il est essentiel que des parents d’enfants TDAH puissent trouver le temps de recharger leurs batteries. La complémentarité dans le couple et le concours de personnes de référence pour l’enfant seront très utiles. Il ne faut pas hésiter à demander un soutien extérieur afin de pouvoir faire soi-même une pause.

Comment savoir s’il est hyperactif?

Symptômes de déficit d’attention
– ne remarque pas les détails ou commet des erreurs de fluidité à l’école ou dans ses activités
– peine à rester concentré, dans les devoirs, les jeux, etc.
– donne l’impression de ne pas écouter quand on lui parle
– ne suit pas toutes les instructions et ne finit pas les devoirs
– peine à organiser une activité, un devoir
– développe une opposition aux devoirs
– perd régulièrement des affaires
– son attention est souvent détournée par d’autres intérêts
– oublie les activités répétitives

Symptômes d’hyperactivité
– bouge constamment ses mains, ses jambes ou ses pieds, ou ne parvient pas à rester tranquille sur sa chaise
– se lève dans des activités où l’on attend de lui qu’il reste assis
– peine à jouer tranquillement
– parle beaucoup

Symptômes d’impulsivité
– répond aux questions avant qu’on ait fini de les lui poser
– peine à attendre son tour
– interrompt et dérange sans cesse

Avant sept ans?
Pour poser un diagnostic, il faut aussi se demander si ces symptômes ont été observés avant l’âge de sept ans et dans différents contextes, tels que l’école et la famille.

Melanie Sant Vita, pédagogue indépendante, travaille avec des enfants TDAH et souffrant de dyslexie

Magazine Family

Article tiré du numéro Family, automne 2011 – hiver 2012


Pour aider l’enfant dans son apprentissage

Les parents ont un rôle à jouer pour aider leurs enfants à surmonter cet obstacle des déficits d’attention. Ils peuvent en particulier favoriser un contexte propice à l’apprentissage et aux devoirs. Voici plusieurs aides très concrètes pour tenir le cap au quotidien.

Apporter de la motivation
Pour les enfants TDAH, la motivation à apprendre dépend grandement de l’ambiance et de l’humeur du moment. Si la journée ne se déroule pas comme prévu, les devoirs à la maison seront difficiles; si le thème du devoir est jugé inintéressant, la frustration s’installera très rapidement. Le rôle des parents est donc de susciter la motivation et d’encourager l’enfant. Cela passe notamment par la reconnaissance des efforts fournis, pas seulement par la critique de l’échec. Les objectifs doivent être divisés en étapes partielles et réalistes.

Plans hebdomadaires
Les enfants TDAH repoussent souvent les tâches «inintéressantes» ou éprouvantes. Planifier la semaine de concert avec l’enfant permet de contourner le problème. En annonçant une récompense si le planning est respecté, on lui offre une motivation supplémentaire.

Horaire régulier
L’enfant TDAH a besoin de régularité et de repères. Il sera aidé dans ses tâches si le déroulement de la journée est régulier et si, par exemple, il débute ses devoirs toujours à la même heure.

Créer un environnement propice Le contexte d’apprentissage joue un rôle important sur la capacité d’apprendre de l’enfant. Plus le contexte sera ordré et structuré, plus l’apprentissage se révélera fructueux. Il est recommandé de retirer du plan de travail tout ustensile inutile au devoir du moment. En effet, chaque objet inutile est une occasion supplémentaire de détourner l’attention vers quelque chose d’autre.

Organiser la matière à apprendre
Aux yeux de l’enfant, les devoirs constituent une montagne infranchissable. Il est important de passer en revue les matières à apprendre pour l’aider à définir un ordre cohérent dans lequel les traiter. Ce sera une aide qui lui permettra de mieux se concentrer. Autre mesure utile, l’organisation des devoirs en petites portions. Mieux vaut commencer avec une matière plus simple et terminer avec les travaux plus difficiles. L’alternance entre l’écrit et l’oral ou la mémorisation est bienvenue.

Le silence est de mise
Travailler dans un environnement tranquille est essentiel, car chaque élément sonore est une occasion de déconcentration. Plus le silence est roi, plus la capacité d’apprentissage augmente. Une musique de fond douce peut couvrir d’autres bruits.

Des pauses
Pour maintenir l’attention, il est important de prévoir des pauses. Après 30 ou 45 minutes, prévoir deux à cinq minutes de pause, pour puiser de nouvelles forces. La pause ne devrait pas détourner son attention des devoirs. La télévision, par exemple, serait une bien mauvaise idée.

Aide contre les oublis
Mettre des feuilles de notes à disposition d’un enfant TDAH, c’est lui permettre de coucher sur le papier des idées et pensées autres que celles relatives à ses devoirs. L’enfant peut ainsi rester concentré sur son devoir et reprendre plus tard les choses importantes auxquelles il a pensé.

Moins c’est plus
Notre mémoire courte est capable d’enregistrer cinq informations pour une courte durée. Si l’on doit apprendre une matière par cœur, il faut donc se limiter à un maximum de sept informations à la fois. A défaut, la mémoire sature et les informations seront vite oubliées.

Un apprentissage ludique
Pour rendre les devoirs moins formels, on peut créer un jeu de cartes avec le vocabulaire à apprendre. Au-delà du côté ludique, cela permet de voir quels mots ne sont pas encore acquis. Autre idée, associer des objets ou des chiffres avec des images dont on se souvient assez facilement. N’oubliez pas non plus que plus les différents sens sont sollicités (ouïe, vue, écriture, toucher), plus la probabilité de mémorisation est élevée. Voilà donc une manière agréable d’allier jeu et travail!

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