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Pourquoi les enfants nous mentent-ils?

© iStockphoto
Le mensonge ne revêt pas les mêmes enjeux suivant l’âge de l’enfant. Déterminant, le passage où il cerne la différence entre imaginaire et réalité.
Nathania Clark

Un vieil adage veut que la vérité sorte de la bouche des enfants. Et pourtant, tôt ou tard, les parents découvrent que leur enfant ne dit pas toujours la vérité: de la carabistouille à la falsification de la réalité, la gamme est vaste. Il est important d’en comprendre les causes si l’on veut pouvoir y réagir de façon adéquate. De plus, l’enfant perçoit la réalité de manière différente selon les stades de sa croissance et la maturation de son cerveau. Corinne Streiff, conseillère psychosociale à Lonay-sur-Morges (Suisse), rappelle ces étapes.

La pensée magique
«Entre trois et six ans environ, la pensée magique est dominante. L’enfant croit que le soleil qui brille au-dessus de lui est gentil car il le réchauffe, que le caillou a peur qu’on le jette à l’eau, qu’il a le pouvoir de changer les choses par sa pensée. Il est encore dans une phase égocentrée dont il va sortir petit à petit.» C’est l’âge où l’enfant se raconte des histoires. L’adulte entre bien souvent dans ce jeu où la frontière entre imaginaire et réalité s’estompe. La légende de la petite souris qui ramasse les dents la nuit tombée en est un joli exemple. L’enfant inventera à son tour ses propres histoires auxquelles il croira, plus au moins. «Durant cette phase, pas à pas, il va commencer à acquérir le principe de réalité», souligne Corinne Streiff. Cet apprentissage peut être encouragé par les parents.

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Couvrir ses bêtises
Entre six et douze ans, la capacité de l’enfant à distinguer l’imaginaire de la réalité se développe considérablement. «Il a besoin d’avoir une certaine autonomie, d’avoir son jardin secret, d’avoir le droit de penser autrement et surtout de sentir la confiance des adultes, explique la conseillère psychosociale. Cette maturation va se poursuivre jusqu’à l’âge adulte. L’adolescent devient capable d’intégrer les codes moraux qui lui sont enseignés ou de s’y opposer.
Toutefois, il est encore jeune pour prendre la mesure de toutes ses décisions et leur conséquences. «Le mensonge permettra de couvrir ses bêtises», explique la conseillère psychosociale. «Au plan psychique, le mensonge signifie toujours quelque chose. Qu’il s’agisse de la peur du parent, la crainte de la punition, la peur d’un refus, la manifestation d’un besoin d’indépendance, le besoin d’intimité, l’opposition aux parents, le besoin de reconnaissance ou encore une façon de braver l’interdit, le mensonge est l’outil et non la cause du problème.»

«Pourquoi mens-tu?»
Rien ne vaut un partage authentique où l’enfant comprend qu’il peut exprimer les raisons qui le poussent à mentir. En étant à l’écoute, les parents l’aideront à décoder les causes du mensonge et désamorcer une partie du problème.
Il est toutefois important que l’enfant saisisse l’impact négatif du mensonge dans une relation de confiance. A cet égard, les parents peuvent s’interroger sur leur propre fonctionnement. «Suis-je authentique? Puis-je exprimer mes propres erreurs ou frustrations sans recourir au mensonge?» Quand celui-ci persiste et qu’il faut recourir à une aide extérieure, Corinne Streiff préconise aux parents de consulter pour eux-mêmes en premier. Le nœud du problème a de forte chance de se trouver dans le fonctionnement familial.

Nathania Clark

Magazine Family

Article tiré du numéro Family 1/20 Février – Avril 2020

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