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Une famille bâtie sur la bienveillance

© Istock
La famille, l’endroit idéal pour oser exprimer ses sentiments, ses peurs et ses faiblesses. Pour créer un climat sécurisant, la bienveillance est indispensable.

Pour Marshall Rosenberg, théoricien de la Communication non violente (CNV), la majorité des interactions verbales abuse d’interprétations, jugements et critiques. C’est ce qu’il qualifie de communication «chacal». Cette communication établit des rapports de force où il s’agit de «saisir» l’autre, le tenir sous le joug de nos peurs, projets et projections.

Se montrer fort?
Certains, convaincus que l’homme n’est qu’un loup pour l’homme, s’évertuent à aguerrir leurs enfants en les élevant «à la dure». La famille devient le laboratoire de construction de ces futurs «loups» qui vivront la relation à autrui comme une lutte, avec des gagnants et des perdants. Se soumettant ou se rebellant, l’enfant s’adapte à ce climat familial. Mais le coût à payer est douloureux: si personne ne veille à bien recevoir ses besoins et vulnérabilités, l’enfant risque de devenir un adulte qui s’interdit l’expression de ses «faiblesses» et les sentiments associés: tristesse, peur et même joie. Seule la colère a droit de cité!
Il faut être fort, ne pas demander pour soi-même, n’avoir besoin de personne. Mais que vaut une «puissance» fondée sur la peur de l’autre et le mépris de sa propre humanité?

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La parole bienveillante
L’enfant est une graine, la famille un terreau, les parents des tuteurs. Nos attitudes et paroles sont comme l’eau et le soleil: les éléments essentiels à la croissance de cette plante unique qui nous est confiée. Valoriser consiste à donner une importance accrue à quelqu’un. Quel don puissant il nous est donné par la parole! Relever, encourager, stimuler, apaiser, renforcer et redresser.

Pour nos enfants, nos dires sont paroles d’Évangile: l’estime et la confiance qu’ils auront d’eux-mêmes dépendent largement de ces paroles dont on les aura abreuvés, de l’espérance dont nous les aurons nourris. Une estime de soi bien ajustée conduit l’enfant à déployer ses talents, à se dépasser, à oser, à se relever quand il chute, à espérer, à patienter, à être sécurisé quant à sa propre valeur et donc à mieux aimer, c’est-à-dire à aimer l’autre non en vue du «gain de valeur» qu’il peut en tirer mais comme autrui.

La valorisation par les mots
Pour le conseiller conjugal américain Gary Chapman, les paroles valorisantes comme le compliment, l’encouragement ou le remerciement font partie des éléments qui «remplissent notre réservoir d’amour». En famille, de quoi remplissons-nous ces réservoirs? Sur quelle fondation choisissons-nous de bâtir nos familles?
Tout enfant est d’abord disciple. Aussi, en tant que parents et au sein du couple, il n’est jamais trop tard pour commencer à se convertir à une communication non violente. Il est beaucoup question, aujourd’hui, de «discipline positive» qui vise à instruire le «bienveillant» en nous. Opter pour la bienveillance en famille, cette «disposition affective d’une volonté qui vise le bien et le bonheur d’autrui», que pouvons-nous souhaiter de différent?

Communiquer sans violence
Dans une communication «chacal», on prête à l’autre des intentions négatives, on essaye de le contrôler. A son tour l’autre exerce un contre-contrôle et c’est l’escalade. En exemple: Louis joue aux Legos et cela fait du bruit. Son père, Pierre, veut regarder la télévision: «Louis, tu es vraiment casse-pieds! (Jugement) Tu fais du bruit exprès! (Interprétation). Arrête! (Exigence). Si tu ne fais pas moins de bruit, je te confisque tes Legos! (Menace)» Louis s’arrête de jouer (soumission) mais se met à marcher avec insistance sur le parquet qui grince. (Vengeance)
Pierre: «Tu vois que tu le fais exprès!» Louis ne répond pas mais regarde son père avec un petit sourire. (Revanche)

Dans une communication «girafe», c’est-à-dire non violente, l’autre est un partenaire: On évite la position défensive et projective en étant dans l’ici et le maintenant (observation) et dans l’expression de son état interne (sentiment). L’autre est laissé libre de coopérer à la qualité du lien (besoin et demande concrète). Et politesse et remerciement sont des «paroles valorisantes»! «Louis, tu fais du bruit maintenant. (Observation) Je suis gêné, (Sentiment) parce que je voudrais me reposer et regarder la télé. (Besoin) Est-ce que tu peux jouer ailleurs, s’il te plait? (Demande)»
Louis: «OK, je vais jouer dehors… (Coopération)»
Merci, mon bonhomme. (Remerciement)

Sylvie Lesur Beauroy, conseillère conjugale et familiale

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