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Le rôle exagéré des copains

© Alliance Presse
Les adolescents se construisent toujours plus sous l’influence de leurs pairs. Ce qui comporte des risques. Découvrez sur ce site les autres articles de notre dossier consacré à l'adolescence
Christian Willi

«Nous nous sommes fait avoir par le modelage des pairs comme l’ancien Peuple de Troie s’est laissé berner par un cheval de bois»: dans Retrouver son rôle de parent (éd. de l’Homme), Gordon Neufeld et Gabor Maté mettent en garde contre le rôle exagéré des pairs dans la construction des ados. «Nous avons encouragé les interactions prématurées et aveugles entre pairs, mais en omettant de distinguer entre d’un côté les relations établies sous la supervision consciente et bienveillante d’adultes et de l’autre celles entre pairs qui découlent de vides d’attachement», écrivent-ils.
Fruit d’une société qui accorde trop de place à la liberté individuelle, les ados tendent à se construire plus avec les gens de leur âge qu’avec leurs parents. Le détachement de leurs parents va de pair avec leur attachement à leurs pairs. Ils se mettent à refuser l’écoute et l’aide de leurs parents, parfois ne souhaitent pas qu’ils assistent à leurs exploits, sportifs par exemple. Conséquence: «Attachés à leurs pairs, ils sont susceptibles de rester coincés dans une immaturité psychologique, de ne plus parvenir à penser par eux-mêmes, d’être incapables de trouver leur voie, bref de devenir eux-mêmes.»
Ce qui est déroutant, c’est que les enfants modelés par leurs pairs paraissent -du moins au début- plus sûrs d’eux, plus à l’aise. Mais ces avantages sont de courte durée, selon les deux experts: leur attachement à d’autres jeunes n’a rien de sécurisant, en comparaison avec celui des parents. Parmi les symptômes, une angoisse, des tourments; mais aussi une perte de respect, une agressivité, un rejet de l’autorité, un manque de réceptivité (par exemple scolaire). Pour ne pas montrer leur vulnérabilité, ils construisent une carapace. On voit bien, dans un groupe d’enfants de ce type, «le survoltage» ambiant, affirment encore les deux experts.
Les parents peuvent être tentés de favoriser les bonnes relations de leurs enfants avec leurs pairs, pour leur éviter à tout prix les phases d’ennui. Une erreur, car du coup, «le vide qu’ils ressentent est celui de l’attachement et de l’émergence». C’est aux parents qu’il revient de nourrir l’attachement familial.
Les auteurs encouragent les parents à développer un «village d’appartenances», pour permettre aux enfants de se sentir «chez eux», c’est-à-dire bien avec des modèles adultes plutôt qu’avec leurs pairs . Cela peut passer par le développement de relations, par exemple avec des amis qui leur veulent du bien ou avec les adultes de la famille élargie.

Christian Willi

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