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Envie de pizza!

© Istock
La chronique de Myriam Demierre, comédienne, auteur des one-woman-shows «L’école des mères» et «O temps pour moi»

Quand on est jeune, étudiant ou pas, on carbure aux petits boulots. Le petit boulot, c’est vital pour pouvoir te payer ton abonnement de train (très cher), tes fringues (de bonnes marques et très chères), ton équipement électronique (idem), tes sorties (dans les bons clubs et très chères) et tes concerts (pour les bons artistes et très chers). Tes parents te disent que tu as des goûts bizarres pour les fringues et la musique, mais c’est parce qu’ils sont préhistoriques!
Chez nous, Jade fait des sondages téléphoniques et Alexis livre des pizzas. Les sondages téléphoniques, je respecte: j’ai fait la même chose à son âge et à l’heure actuelle c’est ingrat, parce que tout le monde se fait harceler par le télémarketing. Alors moi, les sondages des instituts officiels, j’y réponds, par solidarité! La livraison de pizzas, ça aussi, c’est respectable: Alexis pourrait travailler pour une multinationale de malbouffe, mais il a choisi la délicatesse de la cuisine méditerranéenne! Alors je suis fière de mes enfants! Au moins ils se débrouillent un peu financièrement. Même si cet argent leur profite principalement pour sortir dans des boîtes douteuses, consommer des clopes et de la bière et s’acheter des habits bizarres…
Il faut que jeunesse se fasse, paraît-il, et si je creuse un peu, il n’est pas exclu que j’aie fait un peu pareil à leur âge… Là où ça rigole moins, c’est que notre maison est devenue un hôtel. Nous ne savons jamais qui sera là au repas du soir (ou pas), ni qui sera là pour la nuit (ou pas). Il y a bien quelques messages disséminés par-ci par-là (un SMS, un message sur le répondeur ou un e-mail), certes découverts après le repas, mais faisant preuve d’une bonne volonté évidente. Donc on fait avec…
Sauf qu’il y a parfois des obligations familiales (répondre combien on sera pour un anniversaire, fixer la date de Noël ou remplir de la paperasserie administrative) et que la présence de ladite progéniture s’avère donc indispensable. Alors on essaie de leur envoyer à notre tour un SMS, un message sur la boîte vocale ou un e-mail… mais on n’obtient aucune réponse. Ce qui fait qu’un jour, en désespoir de cause, j’ai saisi mon téléphone: «Bonjour, j’aimerais commander une pizza. Peu importe laquelle, mettez-moi une Margarita. La seule chose que je veux, c’est qu’elle me soit livrée par Alexis!»

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