L’organisation du quotidien après une séparation peut parfois relever de la gymnastique mentale. Si l’on peut apprécier bénéficier de plus de moments à soi, être moins souvent proche de ses enfants peut également être source de souffrance - un sentiment à ne pas négliger et à reconnaître, insiste la thérapeute familiale Alexandra Spiess.
Mais avant de se lancer dans l’organisation d’un planning chronométré, elle recommande de se concentrer sur les conditions de base nécessaires au maintien d’un bon lien avec ses enfants: «La relation qui va se développer entre chaque parent et ses enfants va grandement dépendre de la relation entre les parents après la séparation. Souvent, c’est le conflit parental qui met le plus à mal l’enfant et son développement.» Et par extension, la relation qu’il entretient avec chacun de ses parents.
Par exemple, «un parent qui parle positivement de l’autre parent a toutes les chances de développer et de maintenir une bonne relation avec son enfant.» Il faut idéalement continuer à faire «exister» l’autre parent, même quand il n’est pas là. Dans le cas contraire, il faut se rappeler que c’est l’enfant qui en souffrira le plus. S’il est pris dans un conflit de loyauté entre ses parents, cela entravera la bonne entente.

Chaque chose en son temps

Si elle devait citer une chose dont s’abstenir afin de ne pas dégrader la relation après un divorce, Alexandra Spiess nommerait l’introduction trop rapide de nouveaux partenaires. Les enfants étant souvent les derniers à apprendre la séparation de leurs parents, leur rythme d’adaptation à la nouvelle situation s’avère un peu plus lent pour eux. Intégrer des recompositions trop rapides peut donc mettre à mal la relation «car l’enfant peut ne pas se sentir respecté dans son propre rythme».
Et qu’en est-il d’appeler l’enfant quand nous ne sommes pas en sa présence? Cela dépend de beaucoup de facteurs: l’âge de l’enfant mais aussi le temps passé en son absence. «Avec une garde alternée d’une semaine sur deux, il peut être long de rester sans contact. Mais chaque configuration est différente et les parents doivent faire des essais.» Appeler peut se révéler nécessaire, mais les enfants n’en ont parfois pas envie, «car cela met pour eux en évidence le manque de l’autre parent», explique la spécialiste.

Prendre soin de soi

Les ex-conjoints sont aussi mis à mal, émotionnellement, psychiquement ou matériellement dans une séparation et il peut être difficile, surtout au début, de se concentrer sur les besoins de ses enfants. C’est pourquoi la thérapeute recommande: «Pour offrir un temps de qualité à son enfant, il faut se donner les moyens de prendre soin de soi. Les gains de la garde alternée sont de profiter de plus de temps pour ses loisirs personnels. Cela permet notamment de mieux s’organiser afin d’être davantage disponible durant les temps de présence avec l’enfant.»

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La qualité de l’échange est essentielle

Véronique Gaille est thérapeute de couple et de famille. Son conseil? Miser sur la qualité de l’échange dans le partage des sentiments et dans la rencontre avec l’enfant pour qui il est et dans ses besoins: «Quel est son langage? Demandez-lui par exemple ce qui lui manque le plus ou ce qui lui ferait plaisir. Observez la façon dont il communique pour de meilleures interactions: vous répond-il plus facilement par message, vidéo, WhatsApp ou sms? Qu’est-ce qui le fait réagir? S’il n’est pas possible de prévoir des rencontres physiques régulières, instaurez de nouvelles façons d’être ensemble. Vous pouvez jouer en ligne, lire des histoires ou regarder des films à distance, ou vous envoyer des surprises par courrier.»

Magazine Family

Article tiré du numéro Family 1/21 Février – Avril 2021

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