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Pas si mal, l’armée…

La chronique de Myriam Demierre.
Myriam Demierre

J’ai grandi dans une famille anti-militariste. Et j’ai épousé un gars qui a gradé à l’armée… et qui s’est, finalement, très bien entendu avec son beau-père (mon père, anti-militariste, donc!). Puis le tour est venu pour mon fils d’être convoqué par l’armée suisse pour plusieurs mois. Imaginez ma curiosité lorsque nous avons été conviés à la fameuse «journée des parents», pour y voir parader notre fils en habits militaires! J’allais enfin découvrir l’envers du décor. Là où on mange pas bon, là où on dort pas bien, là où on boit beaucoup, là où on est entre gars… J’allais enfin pouvoir confronter à la réalité toutes ces idées que nous, les femmes, nous faisons sur cet univers masculin!
Mon fils est dans les infrastructures. Ne me demandez pas ce que c’est, je n’ai pas tout saisi… Je suis allée voir sur Wikipédia et je n’ai pas mieux compris: «Ensemble d’éléments structuraux interconnectés qui fournissent le cadre pour supporter la totalité de la structure». Voilà… Par contre, mon fils, dans les infrastructures, est chauffeur. Et ça, je sais ce que c’est!
Ce qu’il y a de sympa, dans les infrastructures, c’est que tout au long de la journée, les parents ont pu tester des choses. Comme dans un jeu de piste! Il y avait les postes «Je me débrouille pour sortir d’une maison en feu», «Je manie une lance incendie», «Je nettoie mon masque à gaz», «J’éteins un camarade qui prend feu». A chaque poste, il fallait des volontaires. Alors j’ai tout testé: on n’a pas tous les jours l’occasion de jouer à l’héroïne de films américains, après tout! J’ai joué à Dark Vador en soufflant dans un masque à gaz; dans une maison «en feu pour de faux», j’ai arrosé des arbres avec un gros tuyau d’arrosage; j’ai joué à Backdraft en enfilant une encombrante combinaison de pompier. Bref, je me suis amusée comme une folle!
Point culminant: un défilé au cours duquel les soldats ont passé d’un rang par quatre à un rang par deux, et on les a fait s’arrêter, redémarrer, reculer, danser la samba… Je découvrais un exercice théâtral merveilleux à pratiquer avec des enfants, qui développe l’écoute, la réactivité et l’esprit de groupe! Je suis rentrée enchantée. Le dimanche soir, alors que mon fils repartait à l’armée, je lui ai dit, envieuse: «Bonne semaine, amuse-toi bien avec tes petits camarades!»

Myriam Demierre est comédienne, auteur des one-woman-shows «L’école des mères» et «O temps des mères»

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