«Ranger, c’est mettre le bazar dans son désordre.» Tout à fait d’accord. Sauf que moi je dérange le désordre de mon homme.
Qu’est-ce qui me passe dans la tête quand j’ai des velléités très vénusiennes de vouloir ranger son espace de travail? Au passage, il faut savoir que les étagères de marque suédoise ont en fait été conçues sur Vénus. Et que c’est sur Mars qu’on a fabriqué le petit tournevis inefficace…
Pourquoi n’ai-je pas compris que le stylo débouché, si savamment disposé sous une pile de papiers, est en fait parfaitement géolocalisé par son propriétaire? Pourquoi vouloir jeter ce mouchoir en boule alors qu’il a encore tellement de services à rendre? C’est être contre la réinsertion sociale ou la reconversion professionnelle!
Mon incompréhension et mon agacement face à cette conception si différente de la mienne, mon envie de mettre de l’ordre dans tout ça, ce besoin irrépressible de faire ce que je pense «être mieux» pour travailler efficacement, revient finalement à projeter et imposer ma propre conception des choses à mon conjoint. Et c’est tellement cliché que je me désole moi-même…
Parce que ce qui m’énerve le plus dans l’histoire, c’est moi! Ma frustration et ses effets peuvent devenir source de conflits et de mauvaise ambiance au sein de mon couple et me renvoient une image peu glorieuse de moi-même.
Suis-je obligée de considérer ces chaussettes sous le lit comme une offense personnelle? Il est finalement beaucoup plus humiliant de réaliser que je me suis laissée gagner par la colère pour «ça» que de me baisser et les ramasser sans rien dire. Rendre service à celui que j’aime sans reproche et sans râler, et en éprouver de la joie, voilà ce qui serait digne. Parce que si l’enfer se cache dans les détails, l’essentiel est quand même ailleurs. Évidemment, tout cela ne s’applique pas aux ados…

Magazine Family

Article tiré du numéro Family 4/2016

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