J’ai zappé mon rendez-vous chez le coiffeur, car je ne l’avais pas noté. J’ai raté une réunion de parents à l’école, parce que mon mari a oublié de me le dire, et je suis arrivée trois quarts d’heure après la fin du tournoi de foot de mon fils de sept ans, car je m’étais mal renseignée. Le tout en l’espace de quarante-huit heures. La honte. Commentaire de mon psy: «Quand on est en flux tendu, on n’a plus de stock.» Pour une fois, je suis d’accord avec lui.
Travail, enfants, vie de couple, vie d’Eglise, courses, repas, ménage… Les parents sont des funambules. Trouver le bon équilibre est un exercice de haute voltige, qui met les nerfs à rude épreuve. Si l’on ajoute l’insolence de l’aîné, les colères du deuxième et la désobéissance du petit dernier, sans compter les disputes et les bagarres incessantes, pas étonnant que mon mari et moi soyons souvent au bout du rouleau. Comment faire, alors, pour ne pas tomber du fil?
Comme les journées ne sont pas extensibles, il faut faire des choix. Et les assumer, sans culpabiliser (tant pis pour le ménage!). Il est crucial de s’accorder du temps pour soi afin de «refaire ses stocks». Préserver sa santé physique d’abord. Mais aussi sa santé mentale et spirituelle.
Il y a trois mille ans, bien avant le carpe diem popularisé par Robin Williams dans Le cercle des poètes disparus, l’Ecclésiaste l’avait constaté: «Si quelqu’un peut manger et boire et jouir du bonheur au milieu de son dur labeur, c’est un don de Dieu.»
Mon fils aîné va avoir dix ans. Déjà… Je prends de plus en plus conscience qu’il y a un temps pour tout, que les enfants vont grandir, que cela arrivera plus vite qu’on ne le pense et qu’on ne pourra jamais revenir en arrière.
Refaisons nos stocks en cueillant l’instant présent: les larmes comme les sourires, les réveils nocturnes comme les câlins du matin. Apprenons à savourer les quelques moments de grâce. Le dernier en date lors d’un dîner très tendu: mon fils lève son pouce en disant sur un ton blasé: «Tu es vraiment une mère pour moi…» Fou rire généralisé.

Magazine Family

Article tiré du numéro Family 1/2017

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