Don de soi
Le médecin annonce à Francis: «Vu l’état actuel de vos reins, il faut songer en urgence à une greffe!» Le verdict tombe, le laissant lui et son épouse un peu sonnés. Pourtant, très rapidement, une idée s’impose à Cécile: «Docteur, puis-je donner l’un de mes reins à mon mari?»
Au fur et à mesure du processus des examens de compatibilité, Cécile n’a pas de doute. Oui, elle est prête à subir volontairement cette délicate opération et une longue convalescence par amour pour Francis. Et Francis, quel effet cela lui fera de vivre avec le rein de son épouse? Pour le moment, il éprouve de la gratitude. Envers les médecins et envers Cécile qui l’accompagnera ainsi dans sa lutte avec la maladie. Ils seront ensemble au bloc opératoire, ensemble dans la chambre d’hôpital. Ils feront, bras dessus, bras dessous, leurs premiers pas hésitants. Une situation peu banale qui les fait sourire. Ils évoquent le récit de la Genèse avec la côte d’Adam qui a servi à former Eve. Ici, c’est le rein de la femme qui permettra à l’homme de rester en vie.
Avec ce transfert de vie, il ne s’agit pas de créer de la confusion ou de la fusion. Il reste un homme libre et distinct d’elle. Elle lui «donne» son rein; c’est un acte gratuit qui ne le place pas lui en situation de dette éternelle. Mais, à travers cette expérience exceptionnelle, ils vivront d’une autre façon le corps à corps, la solidarité, le partage. C’est dans leur chair que sera marqué le don de soi auquel ils auront consenti ensemble. L’exemple de mes amis me fait réfléchir: quel don de moi-même suis-je prête à vivre pour mon conjoint?

Article tiré du numéro Family 3/2019
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