Repas en solo: quelques enjeux
Au moment des achats, déjà, le célibataire se trouve limité dans ses choix. La plupart des produits ne sont pas conditionnés en portions individuelles. Vient ensuite l’étape de la cuisine. Quelques solos gourmands et compétents aiment passer du temps en cuisine et se mijoter de bons petits plats, quitte à en congeler une partie sous forme de rations pour des usages ultérieurs. Mais la majorité a du mal à se motiver pour élaborer une véritable recette à partir de produits frais. Des plateaux TV, repas sur le pouce ou plats préparés à réchauffer font l’affaire au quotidien. Se nourrir relève plus de la nécessité que du plaisir d’une dégustation.
Plus difficilement «invitable»?
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Les occasions de repas en famille peuvent de ce fait réjouir les solos, lesquels apprécieront à la fois la compagnie et la qualité d’un menu souvent fait maison. Manger ensemble est le symbole de l’intimité familiale. S’asseoir en groupe satisfait un de nos besoins humains importants, celui de l’appartenance. Se sentir inclus dans le clan familial est bien agréable.
Pourtant, quelques maladresses peuvent parfois ternir ce plaisir. Quand on ne fait pas vraiment place à celui qui est seul, dans la conversation ou dans la façon de placer les convives, ce dernier peut se sentir rejeté. Cette mise à part est d’autant plus douloureuse que l’attente de convivialité était grande. Des remarques maladroites peuvent blesser, des allusions ou des pressions quant à la nécessité de chercher un conjoint pour «enfin» accéder au statut de couple.
De nombreux solos remarquent qu’ils ne sont guère invités par des familles ou des amis mariés; ou alors, lors de repas où plusieurs solos sont conviés, comme une invitation de charité. Ils aimeraient pourtant être conviés et appréciés individuellement.
Auberge espagnole
Il reste encore une option: d’inviter chez soi, amis ou famille. Si la perspective de devoir jongler entre cuisine et service empêche de profiter sereinement des invités, pourquoi ne pas proposer une formule «auberge espagnole», en demandant à chaque convive d’apporter une partie du repas? Ce partage des talents permet de sortir du schéma classique invités/hôtes pour donner à chacun un rôle actif. Et quand un silence approbateur accompagne le dessert et que les compliments pleuvent, le solo reçoit cette reconnaissance avec plaisir.
Partager son pain a toujours été un signe fort de fraternité. Un symbole que les solos ont besoin de vivre. Quand leur famille biologique n’est plus ou réside trop loin, d’autres familles sont appelées à jouer ce rôle en pratiquant une hospitalité spontanée et chaleureuse. Les jours de fête et les dimanches, elle sera d’autant plus bienvenue. Le solo n’en sera pas le seul bénéficiaire, car c’est en donnant qu’on reçoit et l’invité peut apporter ouverture et bénédiction à la famille qui lui aura ouvert sa porte.