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Vouloir changer l’autre, une mission vouée à l’échec

© Istock
Quand les défauts de l’autre deviennent agaçants, il est tentant de penser que changer son conjoint est la meilleure solution. Prise de pouvoir ou amour? Où se trouvent les limites?
David Métreau

«Cest dans la mesure où l’on ne s’accepte pas soi-même que l’on désire changer l’autre et dès qu’on veut changer l’autre, le conflit commence parce qu’il s’agit d’une tentative de prise de pouvoir sur l’autre», écrit la philosophe et thérapeute Paule Salomon dans son ouvrage La sainte folie du couple (éd. Albin Michel). Bien trop souvent, les membres d’un couple ont tendance à vouloir changer l’autre, l’améliorer, le rendre plus conforme à l’image qu’ils se faisaient au début de la relation ou à un idéal.

Le couple est une œuvre d’art
«Je pense qu’on ne peut pas changer l’autre, c’est utopique», affirme d’emblée Magali Hako, psychologue clinicienne et psychotérapeute. «Quand nous nous disons que par amour pour nous l’autre changera, quand nous pensons que nous avons les capacités de transformer notre conjoint, nous sommes dans l’illusion.» Que le conjoint ait des attitudes que l’on trouve être des défauts, que certaines de ces manies nous agacent parfois, c’est naturel et c’est même plutôt sain!
Pour la psychologue, également art-thérapeute, le couple est comme une œuvre d’art qui se crée à deux. Chacun y mettra sa personnalité, ses aspirations. «Ce qui est sain, c’est de parvenir à accepter qu’un couple est en mouvement, qu’il vit. Les interrogations, les désirs et les petits accrochages sont autant de signes de vie et de mouvement», l’autre n’étant pas là pour combler nos propres manques.

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Chercher et trouver les raisons
Mais que faire quand les défauts de l’autre ou nos propres frustrations deviennent un obstacle à une relation épanouie? «La personne qui veut changer son conjoint doit d’abord faire un travail sur elle-même», propose Magali Hako. Reconnaître et accepter ses propres défauts permet de mieux comprendre pourquoi ce que nous pensons être les défauts de notre partenaire nous agacent autant. Cela peut sembler simpliste, c’est néanmoins important de se rappeler que des défauts, nous en avons tous. «C’est important de rassurer l’autre, d’essayer de le comprendre et de se dire que si le conjoint est là où il en est, c’est qu’il y a des raisons», déclare la thérapeute.
Il s’agit alors de s’interroger sur les raisons du comportement ou de l’attitude qui nous déplaît. Et de les avoir à l’esprit. Le conjoint a-t-il conscience que cela dérange, voire fait souffrir l’autre? Veut-il changer? Si oui, a-t-il des difficultés à le faire? A-t-il besoin d’être accompagné? «Le couple doit comprendre d’où viennent la souffrance et la demande de changement. Cela peut passer par du conseil conjugal ou une thérapie de couple», propose Magali Hako.

Chacun garde sa personnalité
La thérapeute suggère à celles et ceux qui seraient tentés de vouloir changer leur partenaire de se rappeler que s’ils sont en couple avec l’autre, c’est d’abord parce qu’ils s’aiment, tout simplement. Un conjoint aime l’autre pour la personne qu’elle/il est, pour sa personnalité, pour ses valeurs, pour ce qu’elle dégage.
«Il est important de rappeler que dans le couple, chacun garde son individualité et a besoin d’espace pour l’exprimer», conclut-elle. Souvenons-nous alors que chaque fois que nous voulons changer l’autre, nous pouvons considérer que la patience, l’amour, la bienveillance auront plus d’effets sur la durée qu’une tentative de prise de pouvoir sur lui.

David Métreau

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