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Rester attentif à l’autre, un engagement quotidien

© Istockphoto - DR
Rester attentif à l’autre et à ses besoins après plusieurs années de vie de couple demande un effort. Mais celui-ci est primordial pour se prémunir contre les rancœurs et la dégradation de la relation. Laurence Dispaux (photo en médaillon), thérapeute de couple et sexologue, nous éclaire sur le sujet.

Être attentif à l’autre, qu’est-ce que cela signifie?

Cela signifie l’écouter véritablement, essayer de le comprendre, prendre du temps pour communiquer. Cela se fait sans téléphone et en étant entièrement concentré sur le moment de partage. Enfin, c’est aussi s’intéresser à ses émotions, être conscient que c’est dans le lien sentimental adulte que se rejouent les enjeux d’attachement de l’enfance. Chacun de nos comportements va transmettre un message à l’autre qui va soit renforcer ses peurs et blessures, soit renforcer sa sécurité émotionnelle. C’est aussi se donner les moyens de se surprendre et de s’émerveiller, d’accepter que l’autre personne change et vaut la peine d’être redécouverte.

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Quelle importance revêt cette attention pour la longévité du couple?

Elle est tout aussi cruciale que son complément, l’écoute de soi. Il s’agit de s’écouter suffisamment pour être clair sur ses propres besoins fondamentaux non négociables et écouter l’autre dans ses émotions vulnérables (comme la peur, la tristesse, la honte). Si nous portons une attention au vécu de l’autre, nous pourrons nous connecter suffisamment pour affronter ensemble les défis de la vie.

Pourquoi l’attention à l’autre est-elle susceptible de s’effriter avec le temps?

Un phénomène d’usure peut s’installer, nous amenant à nous sentir moins amoureux, moins reconnaissants. On se laisse aller aux comparaisons et ressentons moins le désir de faire plaisir à l’autre. Des blessures non communiquées ou non entendues peuvent nous amener à exprimer des émotions négatives par une attitude passive-agressive et peu investie. Ou encore, des rôles de «poursuiveur-poursuivi» peuvent s’être installés. Dans ce scénario, l’un exprime son angoisse en donnant «trop» ou en faisant des reproches, alors que l’autre se sent envahi, impuissant ou pas à la hauteur. Ces différents scénarii sont responsables d’une diminution de notre attention à l’autre.

Comment éviter ces pièges?

Ceux qui réussissent à les éviter sont ceux qui accordent une valeur importante au couple et savent qu’il faut le nourrir, cultiver la communication, prendre le temps l’un pour l’autre. C’est pourquoi il est important d’être attentif à nos propres émotions, telles que la rancœur, le sentiment d’injustice ou celui d’avoir été blessé, susceptibles de provoquer chez nous un désinvestissement et une absence d’efforts.

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Cultiver (redécouvrir) l’attention à l’autre en pratique

Check-up
Planifier un rituel de bilan régulier, qui consiste à prendre un moment pour faire le point sur l’état du couple. Chacun a-t-il le sentiment d’être assez choyé, de bénéficier suffisamment de l’attention de l’autre et d’en donner suffisamment? Est-ce qu’il y a un équilibre entre attention à soi et attention à l’autre?

Jeu du regard mutuel
Chaque jour, s’engager à regarder l’autre pendant une minute, de loin. Qu’est-ce qu’il dégage, pas seulement sur le plan esthétique, mais comme énergie? Se demander ce qui me plaît, ce que j’admire, ce qui m’attendrit et qu’est-ce l’autre me fait vivre sur le plan des sensations. Mais aussi, semble-t-il joyeux ou inquiet? Le jeu peut se terminer de manière interactive, en se posant mutuellement la question le soir: «As-tu remarqué quand je t’ai regardé aujourd’hui?» Parfois, ce jeu révèle que nous ne portons que rarement une attention à l’autre dans son entièreté.

Reconnaissance
Prendre un moment chaque jour pour exprimer au moins une chose pour laquelle nous sommes reconnaissants de notre journée, tous domaines confondus, mais aussi pour s’adresser un remerciement mutuel.

Prévoir des moments de partage
Les couples qui planifient les moments de rapprochement se retrouvent plus souvent que ceux qui ne comptent que sur la spontanéité, même si on souhaiterait ne pas avoir recours aux agendas. Ils se souviennent également mieux de ces moments.

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