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Ce livre qui m’a appris à consoler

© Istockphoto
Dans «Consolation», Anne-Dauphine Julliand raconte son expérience de la consolation après la perte de deux enfants. Un encouragement à apprendre à entourer nos proches dans la tristesse.
Noémie Suter

Consoler, c’est difficile. La plupart d’entre nous ne savons pas comment nous y prendre. On préfère banaliser, ignorer. Face à l’annonce d’une maladie ou d’un décès, on ne sait ni quoi dire, ni quoi faire alors on ne fait rien. Mais ce n’est pas une fatalité. On peut toujours apprendre, même à consoler. C’est ce qu’Anne-Dauphine Julliand nous partage: ce qui l’a consolée dans la souffrance après avoir perdu deux de ses enfants.

IMPUISSANTS FACE À LA SOUFFRANCE

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Le livre Consolation (éd. Les Arènes) d’Anne-Dauphine Julliand est à mes yeux une œuvre d’art: sous sa plume, les mots résonnent profondément en moi. Ils touchent mon cœur, moi qui me sens si démunie devant la souffrance des autres mais aussi face à la mienne. Personne ne nous apprend ce qui fait du bien quand on traverse une épreuve. L’auteure et sa famille ont affronté la douleur de la mort de leurs deux filles, Thaïs et Azylis, suite à une maladie génétique rare. La perte d’un enfant fait certainement partie des souffrances les plus effrayantes. De même, face à un divorce, au décès d’un parent ou à l’annonce d’une maladie grave, nous nous faisons petits, nous ne voulons pas déranger et pouvons culpabiliser d’être heureux alors que d’autres sont éprouvés. Or l’auteure nous témoigne du contraire et nous invite à rester présent auprès de ceux qui souffrent.

TROUVER LA JUSTE DISTANCE

A la lecture, j’apprends que tenter d’expliquer l’inexplicable ne réconforte pas. Que nier la souffrance ne la supprime pas. Mais que je peux exprimer tout haut ce que je pense tout bas: «Je ne sais pas quoi dire.» Elle continue: «C’est parfait: il n’y a rien à savoir. Ce ne sont pas des paroles que l’on apprend, des formules préparées et passe-partout. Ces mots-là ne viennent pas du cerveau. Ils se trouvent dans les murmures du cœur» (p 152).

Je ne pourrai jamais remplacer un être aimé mais je peux poser cette question: «Que puis-je faire pour toi?» Cela paraît si simple mais face à une personne éplorée, je la sens résonner différemment. Peut-être a-t-elle besoin de calme, de se changer les idées, de quelques heures de baby-sitting ou juste d’être dépannée d’un pot de moutarde comme le mentionne l’auteure très prosaïquement.

Consoler, c’est rester présent quand les larmes coulent et quand le silence s’installe. C’est trouver cette juste distance, ni trop proche, ni trop éloignée. Comme cette jeune infirmière au chevet de sa fille qui lui dit: «Je suis là.» Cela demande du courage de ne pas fuir. C’est aussi accompagner le deuil en communauté, comme cela se fait dans certaines cultures, avec patience et beaucoup de tendresse. «Le deuil comme toute épreuve ne se réussit ni ne se soigne. Il se vit. Et vivre la peine, c’est la seule façon d’être aussi capable de vivre la joie» (p.107).

Issu du latin consolatio, le mot consolation signifie «rendre entier». Anne-Dauphine Julliand nous partage sa métaphore de la souffrance consolée: celle de l’art japonais du Kintsugi. Celui-ci consiste à ajouter de la poussière d’or à la laque réunissant les morceaux d’un vase cassé. «Ainsi les fissures se trouvent soulignées d’une ligne dorée. Elles restent bien visibles puisque l’or, au lieu de les dissimuler, les met en lumière. Et l’objet devient plus précieux encore d’avoir été brisé» (p. 194). Puissions-nous apprendre à accueillir et à partager cette poussière d’or…

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Quelques mots sur l’auteure:

Anne-Dauphine Julliand est une auteure française à la renommée internationale dont les œuvres «Deux petits pas sur le sable mouillé» et «Une journée particulière» relatent ses émotions et ses pensées face à la maladie de ses deux filles. Maman de quatre enfants, Anne-Dauphine Julliand utilise son témoignage de vie pour lever le tabou sur la perte d’un enfant et apprendre aux lecteurs à accompagner leurs proches dans le deuil.

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