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Ce livre qui m’a révélé mes besoins et mes limites

© Istockphoto
Dans «L’attachement», Dan Siegel et Tina Bryson invitent les adultes à revisiter leur propre cadre sécurisant, avant de pouvoir en offrir un à leur enfant. Un appel à une entraide concrète entre parents.
Noémie Suter

L’ouvrage L’attachement de Dan Siegel et Tina Bryson, récemment sorti en français aux éditions Les Arènes, décrit à quel point développer un attachement sécure dans l’enfance est source d’épanouissement pour la vie entière. Qu’est-ce qu’un attachement sécure? C’est la confiance profonde que quoiqu’il arrive, je peux compter sur un ou plusieurs adultes qui sauront m’aimer, me réconforter et m’équiper pour faire face aux défis de l’existence. Comment? Par la protection, l’attention, le réconfort et la confiance qu’offrent les parents à leurs enfants. Des mots que résume l’acronyme «PARC», symbole de cet espace dans lequel l’enfant peut se construire librement en toute sécurité. Beau programme!

Les auteurs rappellent les différents styles d’attachement (sécure, évitant, ambivalent, désorganisé) et nous encouragent à réfléchir à notre propre attachement parental et aux schémas créés durant notre enfance. Avons-nous été éduqués par des parents présents physiquement mais peu en phase avec notre vécu émotionnel? Ont-ils été en mesure de se montrer pertinents et délicats, ou parfois pas? Ou avons-nous connu des parents qui, loin de protéger, ont à l’inverse terrifié? Douloureuse plongée dans le passé parfois, ce processus de réflexion aide cependant à identifier les manques, à les nommer et à choisir de créer de nouveaux schémas. La plasticité cérébrale y aidera et, à force de réflexion et de travail personnel, un attachement sécure «après coup» peut être acquis: c’est le message d’espoir de l’auteur.

Des pistes concrètes

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En s’appuyant sur de nombreux exemples concrets et de petites illustrations graphiques nommant des situations de vie, le lecteur découvre des stratégies pratiques pour que l’enfant se sente en sécurité, vu et compris, apaisé et confiant. L’une de ces stratégies est le «cocktail P-E-A-C-E»: offrir mon engagement, mon affection, mon calme et mon empathie à mon enfant bouleversé. A ces propos, je réalise à quel point il m’est difficile de ne pas moi-même basculer dans le chaos quand mes enfants «pètent un câble». Le concept vient m’interroger sur ce qui m’aide le plus. Le masque à oxygène: comme dans l’avion, je dois d’abord me l’accorder à moi-même, si je veux à mon tour être capable d’aider mon enfant. Et surtout, je vais devoir apprendre à être bienveillante avec moi-même et accepter que les «erreurs» font partie du processus. De même, la perfection n’est pas le but recherché! Au contraire, l’enfant a besoin de voir comment les adultes autour de lui gèrent leurs propres échecs ou frustrations.

Renforcer nos liens

Nous désirons tous offrir ce cadre bienveillant à nos enfants pour qu’ils deviennent vraiment eux-mêmes, qu’ils aient une vie intérieure riche, des capacités de régulation de leurs émotions et de l’empathie pour ceux qui les entourent. Mais dans la réalité, je me trouve souvent confrontée à mes propres limites et incapacités. Comment offrir ce «PARC» de sécurité quand je suis moi-même en état de souffrance, physique et/ou psychique? C’est un réel défi! Certaines épreuves ne se traversent pas seul, même en tant qu’adulte. Il est alors nécessaire de chercher autour de nous des adultes relais. Car en prenant soin de nous-mêmes, nous prenons soin de nos enfants. Alors osons demander de l’aide lorsque nous ne nous sentons plus capables d’offrir à nos enfants ce dont ils ont besoin. Pour un jour, offrir aussi ce relais à un autre parent épuisé. C’est en tout cas mon désir et ce que j’apprends chaque jour, en ce moment. Un chemin d’humilité qui bénéficiera, je l’espère, à toute la famille.

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Quelques mots sur les auteurs…

Dan Siegel est professeur clinicien de psychiatrie aux Etats-Unis et directeur du Mindsight Institute. Il est à la pointe de la recherche en psychologie interrelationnelle. Excellent orateur, sa grande humilité, couplée de sagesse, donnent envie de mettre en pratique ses concepts clés. Tina Payne Bryson est docteure en psychologie et psychothérapeute pour enfants et adolescents. Elle cherche à appliquer les neurosciences à la vie de tous les jours, à travers la thérapie par le jeu notamment.


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