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Il copie/colle, l’ado en quête de son identité

© Istockphoto, DR
Le besoin d’identification est essentiel au développement d’un adolescent. Pour proposer de saines alternatives, un parent doit savoir faire preuve d’inventivité. Entretien avec Françoise Caron (photo en médaillon), présidente des AFP, mère de famille d’accueil et auteure de «La famille chevillée au cœur» (éd. Première Partie).

Comment pourriez-vous définir ce phénomène d’adaptation pathologique chez les adolescents? 

Les adolescents sont en quête d’identité. Ils s’identifient soit à des héros via l’imaginaire, soit à un groupe ou une personne. Ils vont se conformer à ce qu’ils voient, comme un miroir. Au début, c’est très stimulant. Cela les aide à dépasser leurs peurs et à sortir du schéma parental, ou proposé par une figure d’éducateur: «Je ne suis pas dans le moule, j’existe en tant qu’adolescent.» Le problème survient lorsqu’ils s’oublient et collent à l’image qui leur est renvoyée par ceux qu’ils fréquentent et qu’ils considèrent comme des figures de référence. Ce phénomène touche davantage les jeunes inhibés qui recherchent leur identité à travers les écrans ou leur propre représentation de ce qui pourrait faire d’eux quelqu’un de bien.

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Ce phénomène a-t-il été amplifié par les réseaux sociaux et la place grandissante du numérique aujourd’hui? 

Oui, dans les quartiers où ces jeunes sont pris en charge, on se rend compte qu’il y a eu une accélération de ce phénomène, car les réseaux sociaux font sauter tous les filtres. Il manque le dialogue avec le parent et la distance qui permet de se poser. On adhère plus vite, on réfléchit moins. On observe également d’une manière accélérée, les effets d’une adhésion à un style, à une posture qui amplifie l’impossibilité d’une réflexion ou d’une prise de recul nécessaire.

Vous avez été famille d’accueil pendant quarante ans avec votre mari et vous êtes également les parents de quatre enfants. Avez-vous connu ces problèmes avec eux? 

Complètement. Une famille, c’est une mini société et on se rend vite compte que le deuxième admire le premier. Ils apprennent plus vite et prennent plus d’assurance, mais ce phénomène d’identification empêche parfois l’émergence d’une vraie personnalité et mes enfants n’y ont pas échappé. On s’habille comme le plus grand, on marche un peu comme lui. Les enfants venus d’ailleurs, que nous avons accueillis, importent souvent des attitudes de l’extérieur. Là, quelque chose se joue pour exister au sein de la famille: un peu comme s’il fallait, pour se faire aimer, se conformer à l’image que nos enfants biologiques renvoyaient. 

Comment aider ses enfants à se trouver et à se positionner? 

Evitez de les bloquer de façon frontale en leur disant de s’habiller comme tout le monde, de ne pas copier ou d’imiter les voisins. Ensuite, il faut toujours faciliter le dialogue pour faire émerger des points de vue décalés de son environnement en utilisant différents outils: un film à regarder ensemble, une balade en forêt, une exposition de peinture ou un concert. Il faut essayer de trouver des activités variées qui ne soient pas forcément conformes à nos propres goûts. C’est partager pour faire émerger ce qui est enfoui chez eux, pour que cela soit doucement libéré. L’adolescent a besoin d’entendre: «Tu vois, tu préfères les balades dans la nature à la fumée de la cigarette et c’est bien.» On aide ainsi le jeune à vivre des temps avec ses copains tout en lui apprenant à se découvrir et ainsi à se positionner sans craindre d’être vu comme un marginal. Pour cela, il faut stimuler chez lui la recherche de sa propre individualité et l’aider à être lui-même pour s’affirmer dans le groupe.

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