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Transmettre la foi à nos petits-enfants

© Istockphoto
L’adolescence de leur progéniture venue, les parents peuvent se retrouver fort dépourvus devant la mauvaise volonté soudaine de ceux-ci, voire leur complet désaveu de la foi et de l’Eglise. Que faire?
Rachel Gamper

«Transmettre, nous le faisons tous, même à notre insu», affirme Monique de Hadjetlaché dans Bien vieillir (éd. Farel). Seulement, certains ont une longueur d’avance en matière d’influence: d’après l’enquête «Regards croisés grands-parents/adolescents» publiée en 2006 et citée par l’auteure, «à 93%, les relations sont qualifiées de bonnes ou de très bonnes par les deux générations».

Pourtant, au-delà de la qualité des échanges, «les grands-parents ont le désir de transmettre le sens qu’ils donnent à la vie, quelque chose de leur foi. Or la foi elle-même est avant tout relation. Une relation ne se transmet pas. Si vous voulez que deux personnes entrent en relation, vous organisez une rencontre, vous les présentez l’une à l’autre et après, cela ne vous appartient plus», précise l’auteure, femme de pasteur qui a été psychiatre et psychanalyste pendant quarante ans. Comment donc donner envie aux petits-enfants de découvrir la foi?

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Par ce qu’on dit

«Je garde le souvenir de la foi sincère qui est en toi. Elle a d’abord habité ta grand-mère Loïs et ta mère Eunice», écrit l’apôtre Paul à Timothée (2 Tim. 2, 5). Ces deux femmes ont de toute évidence réussi à transmettre leur foi. C’est d’ailleurs ce que cherchent à faire Michaël et Mélanie auprès de leurs dix petits-enfants, citant le désir «de ne pas oublier ce que tes yeux ont vu et de ne pas le laisser sortir de ton cœur. Enseigne-le à tes enfants et à tes petits-enfants» (Deut. 4, 9). Pour eux, il s’agit «de partager notre vécu spirituel avec nos petits-enfants», y compris «nos manquements, nos victoires, nos luttes et notre cheminement».
Pour sa part, Marie souhaite influencer ses quatre petits-enfants, dont les parents vivent la foi autrement. Elle insiste sur l’importance «d’avoir un projet commun, de se dire les choses et de se mettre d’accord sur des valeurs comme le respect». Elle répond aux questions des petits, notamment sur l’au-delà, la prière, etc. et s’est procuré la série La Petite maison dans la prairie afin d’évoquer «les valeurs intemporelles de la Bible». Elle leur concocte aussi des leçons bibliques et leur apprend des chants, ces paroles qui ont souvent une portée plus durable dans le temps.

Par ce qu’on fait

Marie, devenue grand-mère à quarante-quatre ans, est encore très active dans sa vie professionnelle et associative. Ceci étant, elle se rend disponible durant ses vacances pour les visites de musées, les bricolages, la lecture, etc. Naturopathe, elle présente aux petits les plantes que Dieu a créées et leurs vertus. Et en racontant son engagement auprès des personnes sans domicile fixe, elle influence leurs valeurs. Car comme le rappelle Monique de Hadjetlaché, «les grands-parents peuvent contribuer à construire pour leurs petits-enfants des repères sur la vieillesse, la vie, la mort».
«Dans notre monde où tout va à toute allure, il est bon de connaître des êtres qui ne changent pas, dont la présence stable est rassurante», analyse encore la thérapeute. Mais pour elle, les jeunes ont également besoin qu’on prie pour eux. «La prière est action. Prier, c’est continuer à être acteur alors même que l’on peut être sur un fauteuil roulant, cloué dans un lit ou en train de mourir.» Marie, encore bien dynamique, raconte comment un jour sa voiture est tombée en panne: «Ne sachant quoi faire, j’ai prié, et ma voiture a redémarré.» Qu’a pensé la petite du fond de sa banquette?

Par ce qu’on donne

Lorsqu’il s’agit de «donner» entre générations, on pense naturellement à l’héritage. En matière de foi, il peut s’agir d’une Bible, de livres, etc. Mais on peut également transmettre le goût de la foi. Comme l’expriment Michaël et Mélanie, «si marcher avec Dieu fait vraiment notre joie, les petits-enfants vont le savoir, le voir». Mais pas seulement: «Parler des choses de Dieu sera naturel. Les questions de leur part le seront aussi, s’ils savent que nous allons les accueillir et leur répondre selon la Bible, sans les juger.» Oui, le don de l’écoute attentive et pleine d’amour n’a pas de prix.
Monique de Hadjetlaché considère les grands-parents comme «des repères, des poteaux indicateurs» qui offrent une direction. Elle précise: «Les jeunes peuvent la suivre ou non. De toute façon il en reste une trace dont ils se serviront un jour ou l’autre, quand ils en auront besoin.»

Par ce qu’on est

Qu’il s’agisse de Michaël et Mélanie dont les petits-enfants sont à l’autre bout de la planète ou bien de Marie qui s’implique activement dans la vie des petits, leur plus grand atout est la nature profonde de leur foi, construite au fil des années et des expériences de vie. Car comme l’affirme Monique de Hadjetlaché, «la vocation de la vieillesse est sur le registre de l’être et non plus de l’avoir ou du faire».
Toujours selon l’auteure, tels des navires en mer, les grands-parents laissent un sillage par leur vie qui sert de repère. Ainsi, chaque génération «peut “prendre le large” et, forte de ce qu’elle a reçu, tracer son chemin, humainement et spirituellement». Sachant que pour la thérapeute, «le non-dit se transmet tout autant que ce qui est dit».

Magazine Family

Article tiré du numéro Family 1/22 Février – Avril 2022

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