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Télétravail: télédébrouille ou eldorado pour la famille?

© Istockphoto
Après avoir fait une entrée brutale dans le quotidien des salariés pendant le Covid, le télétravail s’est aujourd’hui installé chez plus de 25% de Français (contre 12% en Suisse). S’il offre une flexibilité aux travailleurs, quel est son impact sur la famille?
Anaïs Sorce

Moins de temps de trajet, économies, meilleure autonomie… les avantages ne manquent pas quand il s’agit d’évoquer le télétravail. Fin 2022, un cadre en emploi sur deux boudait une entreprise qui ne proposait pas de télétravail, d’après une étude de l’Association pour l’emploi des cadres (Apec). La volonté de mieux articuler vies professionnelle et privée bouscule une culture du présentéisme bien ancrée en France.

A 38 ans, Marie est en télétravail à 100% depuis trois ans à Asnières-sur-Seine. «Ce n’était pas facile au début de rester concentrée sur le travail sans être tentée d’avancer sur quelque chose pour la maison. Mais je gagne tellement de temps à éviter les transports et je me sens tellement à l’aise d’être chez moi pour travailler.» Et elle n’est pas la seule: plus d’un actif de moins de 24 ans sur deux pourrait quitter son entreprise s’il devait revenir en présentiel à 100%, d’après une étude de JLL France. C’est le cas de Célia*, 31 ans, qui travaille dans l’associatif lyonnais. «J’ai passé deux ans en full remote [100% télétravail] à la naissance de mon premier enfant et j’ai adoré! J’ai fait des économies de nounou et ça m’a permis de passer beaucoup plus de temps avec mon fils, de le voir grandir, de cuisiner pour lui. Quand mon employeur m’a imposé 1,5 jour de télétravail seulement, j’ai commencé à réfléchir à changer d’entreprise car ça remettait toute mon organisation en question.»

Marie confirme que cette grande flexibilité est un atout pour les parents: «Mes horaires sont un peu décalés, je m’arrête de travailler tôt pour m’occuper des enfants, mais je reprends souvent le soir quand ils sont couchés, et parfois le week-end.»

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Une tendance aux dépens de la femme?

Et c’est bien là le problème: la plus grande perméabilité entre les univers professionnel et personnel. «Il faut apprendre à mettre des limites, à soi et aux autres, et ce n’est vraiment pas évident», concède Marie, qui ressent le besoin «de rappeler régulièrement que oui, j’ai un travail, et qu’il est aussi important que celui de mon conjoint».

La Fondation européenne pour l’amélioration des conditions de vie et de travail estime que le télétravail peut accroître les stéréotypes de genre quand la Dares (producteur de données statistiques sur le travail, l’emploi et la formation) confirme une dégradation du temps de travail accrue pour les télétravailleuses: augmentation de la durée du travail et de l’intensité de celui-ci et exigences émotionnelles plus importantes. Contrairement à l’imaginaire, le temps de transport gagné se transforme en temps de travail avant les loisirs et la prise en charge des enfants. Marie le reconnaît: «le télétravail n’est pas la solution qui convient à tous. Chacun a sa façon de travailler, de se concentrer, de s’organiser, de communiquer, et le télétravail peut se révéler être à double tranchant [mais] je ne voudrais pas revenir en arrière».

Prénom d’emprunt

        Dossier: Vie professionnelle, vie familiale: équilibre ou équilibrisme?
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