Renverser la statistique
Alors que je mangeais thaï avec l’une de mes amies, elle m’a glissé une réflexion qui m’a profondément touchée. «L’autre jour avec ma fille», me racontait-elle, «j’ai réalisé que je passais plus de temps à la corriger qu’à me connecter à son cœur.» Alors que j’y réfléchissais, mon premier réflexe a été de me dire: ce piège-là, je le connais. L’envie de privilégier la relation et de ne pas passer ma vie à simplement râler et corriger est une évidence.
Vraiment? J’ai pris la question à cœur et ai décidé de la mettre à l’épreuve de mes journées. J’ai calculé combien de fois je m’adressais à mes enfants pour les corriger et combien de fois mes mots avaient pour seul but de me connecter à eux.
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Aïe. Ça a fait mal.
«Tu veux bien manger un peu plus vite s’il te plaît?», «Va te relaver la bouche mon cœur», «Tu veux bien me parler sur un autre ton?», «Les chaussures, dans le meuble», «Pas en chaussettes dans le jardin!» Evidemment que ces choses-là je dois les dire, je reste une maman. Mais la proportion de ces paroles au vu des paroles qui ne corrigent absolument rien m’a surprise. Essayez de passer un repas sans aucun élément de correction, vous serez étonnés!
Alors par moments, je fais le choix de mettre un frein à ma langue et de retenir mes (même douces) corrections instinctives et de mettre plein d’énergie dans la relation. Juste pour renverser la statistique.
Leur donner de l’air, de la marge et découvrir avec régal ce qu’ils pensent, vivent et ressentent toujours plus. Me donner à moi aussi de l’air, fermer les yeux sur les chaussures éparpillées ou la salade qui reste dans l’assiette. Me focaliser sur ce que je peux leur amener là, aujourd’hui, sur ce qui me connecte à eux: mes encouragements, mon intérêt, mes idées, mes conseils, mon amour. Les bonnes manières, ça ira. Tout le reste mérite tout autant de place.