La famille, première école?
A chacun de nos conflits, je réalise que ma femme et moi venons de deux arrière-plans différents. Je n’ai jamais vu mes parents se disputer. C’est un cadeau, mais cela m’a aussi privé d’un modèle de gestion des tensions. Dans la famille de mon épouse, lors de conflits, chacun s’expliquait bruyamment, les émotions sortaient, puis on s’expliquait, on se demandait pardon et on avançait.
Après notre mariage, nos deux arrière-plans se sont vite entrechoqués, ma femme cherchant la confrontation et moi me retrouvant complètement paralysé, incapable de savoir comment réagir à ces situations inconnues. Il nous a fallu dix ans pour apprendre à vivre un conflit plus paisiblement.
Nous avons appris ces fonctionnements dans nos familles d’origine, qui ont constitué notre première école, notre premier lieu d’apprentissage, où nous intégrons, par imprégnation, pour le meilleur et pour le pire, nos fonctionnements d’adultes.
Nos familles devraient constituer le lieu où nous apprenons à partager, écouter, pardonner, servir, coopérer et faire passer les autres avant soi-même. Nous y apprenons la vie, mais aussi la mort quand nos familles sont fortement dysfonctionnelles. Mais nous y apprenons de toute façon.
Cela nécessite aussi des efforts de notre part, plutôt que la passivité. Et si nos stratégies de formation s’appuyaient davantage sur la famille, en valorisant le vécu familial et en considérant chacun de nos foyers comme une école de vie ? Et si nous ôtions la pression de devoir montrer une belle image en public, encourageant ainsi un faux dualisme ? Nous sommes tous à l’école de la famille. Nous apprenons de nos parents, nous apprenons à nos enfants, consciemment ou non. Et si, dès lors, nous considérions réellement notre famille comme une école et que nous devenions intentionnels dans ce que nous voulons transmettre ?
Article tiré du numéro Family, 4/2013
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