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Les couples chrétiens, mieux protégés?

© Dr
Dans quelle mesure les croyants sont-ils mieux armés pour affronter les défis de la vie de couple? Sont-ils réellement préservés de tout danger? Le point avec notre spécialiste.

Un couple chrétien protégé, le serait-il comme on imagine un VIP protégé par des gardes du corps? Serait-il bénéficiaire d’une sorte de protection rapprochée parce que les conjoints (ou au moins l’un des deux) feraient profession de foi chrétienne ou auraient une assurance en une sorte de super protection divine?

L’image fait peut-être sourire, mais bon nombre de couples chrétiens ne se cachent pas d’avoir cette conviction. L’idée est même profondément ancrée dans les consciences des chrétiens, et quand on entend ou lit un message sur la pérennité du couple, en général il va dans ce sens. Il nous faut donc examiner si cette affirmation tient réellement la route.

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Pas épargnés par les épreuves

Les couples chrétiens ne sont pas épargnés par les épreuves. Cette évidence n’a même pas besoin d’être démontrée. Elle est biblique. Le Christ lui-même a vécu la tentation, les épreuves lors de son ministère terrestre et l’épreuve suprême de sa mort expiatoire. A ses disciples il a promis de recevoir ou de retrouver de nombreuses relations, frères et sœurs, familles, amis, et ajouta-t-il, des persécutions (Mc. 10, 30). Ce que de nombreux chrétiens vivent dans le monde d’aujourd’hui, à l’instar de différentes populations défavorisées et tourmentées, démontre qu’ils ne sont pas épargnés, et à différents endroits même fortement persécutés. Dès lors, pourrait-on imaginer qu’un couple, simplement parce qu’il est chrétien, puisse juste surfer sur la vague, éviter tous les écueils et ramener la palme de la victoire simplement parce qu’il serait protégé par le divin? Évidemment non.

La société actuelle, les pressions de toutes sortes, une éthique à géométrie variable et les changements sociétaux font que tous les couples sans exception sont bousculés et doivent résister à des moments de tension, de crise. Ils évitent parfois à grande peine l’effritement, l’éclatement, la dispersion. Les défis et les problèmes qui touchent les couples sont les mêmes pour tous, chrétiens ou non. Fatigue, usure du temps, négligence du couple au profit de la famille, des familles, du travail: les défis ne manquent pas.

Protégés quand même?

En fait les couples chrétiens sont «protégés» comme tous les couples issus… de la création de Dieu. Car Dieu a créé la notion de couple en même temps qu’il a créé l’homme et la femme et il a estimé cette création comme très bonne (Gen. 1, 31). Dans ce sens, Dieu aime et protège les couples, parce qu’ils font partie de son génie et de son projet créateur. Est-on conscient de cette protection, ou en d’autres mots de cette bénédiction particulière? Beaucoup de couples chrétiens le savent, tandis que les couples non-croyants l’ignorent. Mais attention, cette protection n’est pas une garantie tous risques, une immunité qui permettrait toutes sortes d’écarts, «du moment que l’on est protégé», penserait-on en s’illusionnant à ce sujet.

Le piège de l’adultère

Bien des croyants ont estimé qu’ils étaient spécialement gardés par rapport à l’adultère mentionné comme un des dangers principaux pouvant guetter le couple. Il est vrai que la Bible met en garde contre les dangers de l’adultère, dénoncé et condamné dans les Églises chrétiennes pendant des siècles comme le péché principal. Certes, les croyants peuvent s’appuyer sur la force et les ressources intérieures que Dieu met en eux pour résister à la tentation de l’adultère. Mais ce que l’on constate actuellement, c’est que de nombreux couples chrétiens tombent également dans l’adultère. On a beau remplacer le mot «adultère» par d’autres mots, comme «tromperie», «écart» ou «comportement inadéquat» (expressions que la conscience moderne préfère, amoindrissant au passage l’aspect du péché et de la faute commise), mais la réalité de l’adultère reste la même pour tous: il est une trahison à l’égard de la personne trompée.

L’adultère est sans doute moins pénalisé actuellement, il reste un piège pour tous les couples qui savent qu’ils peuvent potentiellement chuter à ce niveau. Quand cela arrive, l’adultère est toujours perçu comme un gros coup de tonnerre sur le chemin conjugal, voire même comme un coup d’arrêt dans la perspective d’avenir du couple. Dès lors, la responsabilité de chaque partenaire de ne pas emprunter le chemin de l’adultère reste entière. Dieu offre sa protection comme un havre de paix, mais pas comme une haute palissade empêchant les personnes qui souhaitent pécher de le commettre.

Les dérapages des couples connus

Certaines personnes de notoriété publique exposent parfois leurs valeurs chrétiennes et leur attachement à Dieu et à l’enseignement biblique. Quand malheureusement elles tombent dans l’adultère, ces personnes vont être dénoncées de façon plus virulente que d’autres, dont les frasques sont passées sous silence. Les responsables religieux en tête, puis les hommes politiques, et les sportifs de pointe, qui ont un impact médiatique important, déclenchent en général railleries et propos diffamatoires. Les artistes et les hommes d’affaires, bien que moins critiqués, peuvent aussi déclencher des réprobations ouvertes. Dans ce sens, la responsabilité des personnages publiques est plus grande par rapport à leur conduite morale. Mais ce ne sont pas toujours ceux-là qui provoquent le plus de déception, de colère ou de tristesse. Dans notre entourage, quand on apprend que tel couple d’amis a passé par la tromperie, combien de réactions émotionnelles fortes sont ainsi suscitées!

Prévention et action stratégique

Certes, professer des valeurs chrétiennes, «y croire» depuis le début de la vie de couple, se promettre fidélité et compter sur le secours de Dieu sont des éléments ô combien importants, que l’on doit continuer à valoriser. Le fait avéré que de nombreux couples non-chrétiens et chrétiens passent par l’adultère ne devrait pas nous conduire à renoncer à tout ce que l’on peut mettre en place pour l’éviter.

Cependant si des aspects préventifs par rapport à la tromperie sont utiles, il est nécessaire de viser plus haut en mettant en place une «stratégie» pour les moments où le passage devient plus étroit et le chemin plus escarpé. Par exemple, veiller sur la complicité du couple, garder une bonne intimité sexuelle, garder l’équilibre entre l’investissement dans le couple et l’énergie mise dans la famille… En bref, viser une action fortifiante pour son propre couple, plutôt que de se reposer sur l’illusion que rien ne pourrait nous arriver.

Quelle position adopter?

C’est le moment de reparler de la protection de Dieu: si les couples chrétiens en sont conscients et qu’en plus ils comptent sur l’amour et la bienveillance de Dieu, ce serait tellement dommage de ne pas s’y tenir, y revenir avec régularité, se placer sous la couverture spirituelle du Créateur. Et puis il y a une façon de ne pas s’éloigner de cette protection, en prenant le temps de se placer ensemble dans la prière et oser intercéder pour son propre couple: ce n’est pas de l’égocentrisme, c’est une bonne intelligence des besoins.

Ensuite le couple ne devrait pas s’exposer inutilement à des situations de tensions excessives, et s’ils passent par des moments de conflit, chercher à les résoudre avec détermination. A l’inverse, si les conjoints se rendent compte qu’ils sont en train de se distancer l’un de l’autre, alors il leur faut remettre le turbo sur les connexions et les activités communes. Dans ce sens, chaque conjoint devrait éviter de se retrouver dans des situations d’intimité ou de trop grand rapprochement avec une personne de l’autre sexe. Cela augmente le risque de sortir de la protection de Dieu et de se soumettre à une tentation qui pourrait devenir difficile à gérer.
Par ailleurs, il faut rapidement identifier les fragilités du couple: problèmes de surcharge de travail, enfants difficiles qui demandent une attention soutenue, finances, sexualité, communication déficiente… Bref, les causes peuvent se multiplier pour rendre un couple vulnérable.

Enfin, il s’agit de colmater régulièrement les brèches qui ne manquent pas d’apparaître dans la vie du couple. On rénove bien sa maison après des intempéries et l’usure du temps. On amène sa voiture au garage pour changer des pièces. Le couple s’érode également, nécessitant des réajustements, des nouveaux projets et d’autres «réparations» qui vont lui permettre de bien vivre dans la durée… avec bonheur.

Leurs forces et leurs atouts

Les couples chrétiens auraient-ils donc quelque chose de plus que les non-croyants? En fait oui, ils bénéficient de savoir qu’ils ne sont pas seuls dans ce cheminement à deux. On aime à rappeler que la corde à trois fils ne se rompt pas facilement (Ecc. 4, 12). Encore faut-il faire usage de ce formidable privilège de connaître celui dont la corde ne se rompt pas!

Cette connaissance change tout. Loin d’être une sorte d’immunité spirituelle, elle permet de se mettre en contact constant avec ce Dieu qui aime, qui chérit et enrichit non seulement les individus, mais aussi les couples et familles. Et là elle devient une force dans l’adversité, une reconnaissance dans le bonheur, une sécurité dans la durée, pour chaque couple et chaque famille qui s’y réfère.

Christian Reichel, conseiller conjugal et familial

Dossier: Spiritualité
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