C’est ma faute, mes enfants ont tourné le dos à la foi
L’adolescence représente souvent un cap difficile de remise en question de la foi. Pour les parents, cette évolution peut engendrer des sentiments d’inquiétude, de tristesse, voire de culpabilité.
«On voulait qu’ils suivent la formation donnée à l’Eglise. Puis vers quatorze ou quinze ans, on les jugeait suffisamment adultes pour prendre une décision personnelle», explique Claude, maman de quatre fils aujourd’hui pères à leur tour. Deux d’entre eux sont engagés dans la foi, les deux plus jeunes sont en retrait plus ou moins marqué.
C’est également lors de l’adolescence de leur quatre enfants que Serge et Yvonne s’aperçoivent de leur prise de distance, malgré une vie familiale jalonnée de moments de partage intenses et d’exaucements significatifs.
Phénomène connu
Cette tendance est corroborée par Josh McDowell, auteur du livre Suis-je un bon père? (éd. CLC): «Des études montrent qu’au cours des dix années suivant leur entrée dans la vie adulte, la plupart des adolescents se disant chrétiens se détourneront de l’Eglise et mettront l’engagement qu’ils avaient pris sur une étagère.»
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Des fondements rationnels
Dans certains cas, la prise de distance est progressive. Les cercles d’amis, la confrontation à des idées et philosophies nouvelles viennent ébranler les certitudes de l’enfance. Le jeune est amené à faire ses propres choix. Josh McDowell évoque le scepticisme intellectuel comme l’une des causes majeures de cette remise en question, d’où l’importance d’expliquer aux enfants la pertinence des fondements de la foi chrétienne.
Chocs et éloignements brutaux
Mais parfois, l’éloignement est brutal. Il peut suivre un événement vécu au sein de l’Eglise comme une blessure, un sentiment de rejet. Il peut aussi se manifester sous forme d’une rébellion ouverte face à l’incohérence des parents ou même sans cause évidente. Nathanaël et Carine ont ainsi éprouvé une grande déception lorsque leur fils a rejeté la foi qu’ils lui ont transmise pour se tourner vers d’autres voies et la consommation de stupéfiants.
«On fait de notre mieux»
Quelles que soient les causes et les trajectoires, les parents passent par ces moments de chagrin et de remise en question. Quand on leur demande s’ils pensent avoir échoué et s’ils auraient agi autrement, les parents interviewés disent avoir fait de leur mieux, tout en sachant que nulle famille n’est parfaite. «Nous revendiquons le droit à l’erreur dans l’éducation que nous avons donnée», expriment d’une seule voix Nathanaël et Carine.
Cette attitude de lâcher prise, adoptée par ces couples, semble essentielle pour le maintien d’un dialogue familial ouvert. Tous soulignent l’importance d’aimer leurs enfants et de respecter leurs choix. Par ailleurs, certains enfants reconnaissent conserver au fond de leur cœurs les expériences vécues en famille et les valeurs semées. «Quand nos enfants sont petits, on leur parle de Dieu. Quand ils sont grands, on parle à Dieu de nos enfants», conclut Serge qui résume bien la pensée de ces parents déterminés à persévérer dans la prière et l’espérance.
D’autres enfants de croyants, qui se sont éloignés de la vie d’Eglise et de la pratique religieuse pour un temps, y reviennent des années plus tard. Les théologiens appellent cela l’étape de recherche avant celle de la foi personnelle, deux étapes de construction de la foi. Elles suivent celle de la foi induite des parents et celle d’affiliation, où le jeune s’identifie aux modèles et aux amis.
Nathania Clark