Sortir des préjugés sur les sectes
Le mot «secte», utilisé dans le langage courant presque sans discernement, a repris de la vigueur depuis la crise du Covid. Ce terme, en France comme en Suisse, n’a cependant aucune valeur juridique: on parlera plutôt de «dérives sectaires», ce qui n’enlève rien des drames et de la destruction humaine et psychologique s’y opérant. Mais de quoi parle-t-on exactement et comment se comporter face à un proche possiblement «séduit»?
«Adhérer à une secte, c’est pour les naïfs»
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NON. Selon Marie Drilhon, vice-présidente de l’UNADFI (Union nationale des associations de défense des familles et de l’individu victimes de sectes), «chacun de nous peut être séduit par une proposition qui répond à ses aspirations, plus ou moins conscientes, ou à ses interrogations». «Certains moments de la vie d’une personne peuvent la rendre plus vulnérable: un deuil, un problème professionnel, un problème de santé, etc.», ajoute-t-elle.
«L’arme systématique de la secte, c’est la déstabilisation mentale»
OUI. Plusieurs critères, non systématiques, doivent être réunis pour que l’on puisse parler de véritable «dérive sectaire». La déstabilisation mentale est toujours présente dans les cas de dérive sectaire, de même que l’ostracisme, qui est la menace d’un bannissement et d’un rejet total de l’individu par tous les membres de la communauté si celui-ci essaie d’adopter un discours critique ou émet des désaccords au sein du groupe.
«Les sectes sont toujours religieuses»
NON. De nouveaux gourous, largement apparus pendant la crise du Covid, sévissent dans le domaine du bien-être et de la santé (ils représentent 25% des plaintes). Ils peuvent préconiser d’arrêter la prise de médicaments ou le suivi d’un traitement et, contre réel avis médical, mettre en danger de manière totalement illégale et parfois dramatique la vie de leurs «patients». Ils peuvent fonctionner à plusieurs, un «praticien» en dirigeant vers un autre, au prix de sommes folles voire de la vie du malade.
«Il faut s’opposer violemment à son conjoint ou son enfant “séduit” pour “le réveiller”»
NON. Selon le témoignage d’une victime, «même si l’on tente de nous ouvrir les yeux, vu de l’intérieur, c’est vous qui racontez n’importe quoi, c’est vous qui vous trompez par manque d’information». La Miviludes (Mission interministérielle de vigilance et de lutte contre les dérives Sectaires) invite à respecter les trois règles suivantes:
- Ne restez pas isolé. Parlez-en autour de vous, contactez une association ou une institution compétente.
- Ne rompez pas le lien. Restez toujours en position de dialogue et d’ouverture, laissant «une porte ouverte vers l’extérieur» à votre proche en danger.
- Ne brusquez pas les choses. La sortie d’un processus d’emprise mentale est long et difficile, ne vous découragez pas. Rapprochez-vous de professionnels de la santé et de la psychiatrie.
Pour se renseigner et trouver de l’aide:
En France:
- La Miviludes: https://www.miviludes.interieur.gouv.fr/
- L’UNADFI: https://www.helloasso.com/associations/unadfi
En Suisse:
- Le Centre intercantonal d’information sur les croyances: https://cic-info.ch/