L’écran, meilleur ennemi du confinement

Sans surprise, le temps d’écran a été multiplié par deux pendant le confinement chez les plus jeunes, grimpant ainsi jusqu’à 6h d’utilisation au quotidien. Une étude suisse, réalisée auprès des 12 à 30 mois par la Haute école de travail social et de la santé de Lausanne, a constaté que l’usage des écrans est passé de 38% à 60%. En outre, 62% des Français déclarent avoir davantage utilisé leur mobile, d’après une récente enquête Ifop.
Une addiction nocive
Publicité
Des chiffres alarmants qui n’étonnent pas Sabine Duflo, psychologue clinicienne et co-fondatrice de CoSE (le collectif de sur-exposition des écrans), auteure du livre Quand les écrans deviennent neurotoxiques (éd. Marabout): «On pouvait s’y attendre. On remarque une hyper adaptation des enfants aux écrans, car ils étaient déjà conditionnés», explique la spécialiste.
En conséquence, des risques de surpoids, des carences en sommeil, troubles de l’attention, d’apprentissage et du comportement, au point que la psychologue compare les écrans à une véritable droguee: «Elle l’est déjà pour nous tous mais bien plus pour les enfants car leur développement n’est pas encore abouti. En cas d’arrêt, ils ont tous la même réaction: ils hurlent, car le produit a été fabriqué pour créer cette addiction. Il est question d’attachement compulsif.»
Quelles solutions?
Pour les plus addicts, Sabine Dublo conseille d’arrêter radicalement les écrans: «Cela crée du manque, de la panique et des crises. Chez les plus âgés, on constate même des comportements plus violents, mais c’est à ce moment-là qu’il faut proposer autre chose.» La présence parentale devient essentielle. «Au bout d’un temps, on verra que l’enfant redécouvre son pouvoir de création ainsi que d’autres façons de s’occuper seul.» Et d’inviter le parent à repenser aux rituels et aux temps quotidiens de son enfant, pour l’aider à s’autonomiser, cadrer et rythmer la vie familiale.
De nouvelles pistes à explorer en famille
Le confinement aura toutefois permis à certains d’entre eux de réaliser l’importance de règles claires (écrans loin du coucher, en dehors des devoirs et des repas par exemple). Michel Desmurget, directeur de recherche à l’Institut national de la santé et de la recherche médicale (Inserm) et auteur de La fabrique du crétin digital (éd. Seuil) lui préfère la technique de «la substitution» où le parent peut suggérer d’autres façons d’apprendre et de s’amuser.
Livres, sorties, musique, jeux de société, discussions, écoute ou repos sont autant de pistes à explorer tout à nouveau en famille. Enfin, un temps de qualité avec l’enfant après l’école ou le centre de loisirs sont d’autres alternatives. Et de rappeler que le parent reste un modèle pour son enfant, ce qui vaut pour l’un est valable pour l’autre, toute proportion gardée. A la bonne heure!

Article tiré du numéro de Family 4-20
Pour poursuivre la lecture, choisissez une des options suivantes: