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Françoise Caron, une maman engagée pour les droits de la vie et de la famille

Françoise Caron
© Editions Première Partie
Françoise Caron, a un parcours hors du commun. Elle partage dans son livre "Une famille chevillée au coeur" (éd. Première Partie) son parcours de foi pour les droits de la vie et son chemin d’engagement, aux côtés de son époux. Interview.

Vous avez accompagné plus de 80 enfants en tant que famille d’accueil, avec votre époux durant 40 ans.  Quel regard portez-vous sur ces années ?

C’est une magnifique aventure humaine, familiale, professionnelle et spirituelle. On embarque sur le fleuve de la vie ces adolescents en souffrance. Ils ont besoin de découvrir qu’on peut renouer avec une vie familiale et guérir de ses blessures, en tissant des liens avec une cellule parentale de substitution, sans pour autant effacer son origine biologique.
Être accueilli dans une famille qui souhaite nous intégrer au foyer, peut être mal accepté. On peut blesser en réveillant la douleur d’un enfant, même si cette douleur relève de l’affectif. Cette nouvelle structure parentale va offrir à ces ados en souffrance, la sérénité nécessaire pour rebondir, avancer, et aussi favoriser l’apaisement du lien pathologique subi.

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Dans votre ouvrage, vous revenez sur l’éducation réussie de vos parents «aidants mais jamais complaisants.» A-t-elle été un mode d’emploi ou une feuille de route pour vous, en tant que mère et famille d’accueil ?

Je parlerai davantage d’une feuille de route que d’un mode d’emploi car j’ai aussi appris de leurs erreurs. Toutes nos familles sont dysfonctionnelles. Oui, je dois tout à mes parents mais je leur dois aussi leurs failles, leurs ratés et leur humanité imparfaite qui m’a parfois aussi blessée. J’ai essayé de puiser dans tout ce qui m’a construit, ce que j’ai découvert et qui était indispensable ce que je pouvais moi-même transmettre. J’ai initié avec mon mari ce qui allait permettre à mes enfants de bénéficier de ces acquis.
Le plus bel héritage que mes parents nous aient laissé, c’est cette transmission de la foi, une semence de foi par la parole, la lecture de la Bible et la prière en famille, sans oublier cette confiance qu’ils faisaient au Divin malgré les difficultés de la vie. Cette semence a germé dans mon cœur et il fallait que cette récolte soit partagée. Enfant, je savais que Dieu existait, mais j’avais du mal à comprendre la raison de mon handicap (Françoise Caron est porteuse d’une déficience visuelle). Dieu était mon Père, mais je lui en voulais pour cette infirmité non comprise, jusqu’à mes 15 ans où je fus saisie par son amour. Cette rencontre basée sur cet amour inconditionnel a changé ma vie. Celle-ci m’a motivée à faire de mon existence une source d’amour pour les autres.

Certains jeunes que vous avez accueillis ont été victimes d’inceste ou de violences intrafamiliales très lourdes. Comment et par quels moyens les avez-vous aidés ?

Naturellement, je propose la prière en leur expliquant qu’au-dessus de nous, le Seigneur entendra leur parole. Il y a l’écoute et l’accueil de leur témoignage, sans jugement ni réponse toute faite. C’est leur faire comprendre qu’on entend leur souffrance même si elle met du temps à s’apaiser, et qu’il est possible de cheminer ensemble pour les aider à ce qu’elle s’atténue progressivement. Mais c’est aussi faciliter leur récit auprès d’un éducateur, d’un psychologue ou d’un juge pour enfants. Sortir du drame victimaire, pour ensuite entrer dans un processus de cicatrisation et de résilience afin qu’il puisse se dire : «Je suis victime de ce que j’ai subi, mais je suis pleinement acteur de mon devenir.»

Comment la prière a-t-elle aidé ces enfants en détresse? Avez-vous un retour d’expérience à nous partager?

Je me souviens de Marie, neuf ans, révoltée par son vécu auprès d’une mère incestueuse. Elle avait besoin d’être apaisée intérieurement, et progressivement je lui ai appris à prier, et à se réfugier dans les bras de Dieu. Peu à peu, elle a atteint la quiétude et nous avons pu prier pour sa maman qui, par la suite, lui a demandé pardon. Marie s’est faite baptiser, elle est maintenant une chrétienne engagée qui a puisé dans sa relation à Dieu, la force dont elle avait besoin pour guérir. Aujourd’hui elle est fiancée et veut construire une famille bâtie sur ces nouvelles bases.

Au regard de votre parcours avec ces enfants, peut-on parler d’une mission ou d’un chemin de vie?

« Chemin de vie » et « mission » peuvent être complémentaires. L’héritage, transmis par les miens, doit se poursuivre et nous devons avoir conscience de cette richesse. Mes enfants continuent sous une autre forme. Ils sont pleinement engagés dans le milieu de l’éducation, avec le souci particulier de semer dans la vie des adolescents, les ingrédients qu’ils ont eux-mêmes reçus, et qui leur permettront à leur tour d’en tirer tous les bienfaits. Chaque famille transmet un héritage différent qu’il soit biologique, culturel, moral, spirituel et peut-être même vocationnel.

Quels conseils donneriez-vous à ceux qui souhaitent s’engager comme famille d’accueil ?

Être famille d’accueil, c’est avant tout une vocation à conduire avec ferveur. Cela nécessite un quasi professionnalisme pour mener à bien cette mission. La collaboration avec une équipe pluridisciplinaire est impérative dans l’intérêt de l’enfant accueilli. Pour les familles d’accueil chrétiennes, le but premier est d’accueillir l’enfant ou le jeune simplement, dans une foi ambiante, un amour désintéressé et un esprit de partage. Inculquer l’amour de son prochain est un principe de vie universel que chacun choisira d’adopter, ou pas. La seule règle à respecter, est leur liberté de choisir. 

Des propos recueillis par Marie Victoria Pollack.

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