Vivre un (vrai) coup de foudre… en cuisine!
«Un repas est insipide s’il n’est assaisonné d’un brin de folie», estimait le philosophe Erasme. S’il est un moment qui symbolise la vie de famille, c’est bien celui du repas, avec ses joies, mais aussi ses crises et ses plats carbonisés. Le sujet est pour les couples plus sérieux qu’on ne le croit, surtout quand les arrière-plans culturels et sociaux sont différents.
Elle apprend à savourer un repas
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Camille et Jordan, mariés depuis trois ans, sont très différents. Lui est aussi grand, brun et fort qu’elle est petite, blonde et fine. «Forcément, autour d’une table, les besoins caloriques ne sont pas les mêmes, ni les portions, ni les envies», décrit Camille en souriant. Un contraste qui se retrouve dans leur rapport à la nourriture et les habitudes qu’ils ont chacun rapportées au sein de leur couple: «J’aime bien prendre le temps de cuisiner, de manger, de préparer des plats en sauce avec de la viande», confie Jordan, qui a grandi dans une famille d’origine portugaise. «Ce n’est pas mon cas», assure Camille, «le repas n’était qu’une formalité à mes yeux qu’il fallait terminer le plus rapidement possible.»
Dans sa famille, les plats surgelés «pratiques pour gagner du temps» étaient coutumiers, mangés sans un mot devant la télévision. Avec Jordan, elle a appris à apprécier les repas qui durent plus longtemps. Les soupes font office d’entrée, ce que Camille a considéré, au début de leur mariage, comme une blague. Puis elle découvre peu à peu les bons petits plats de son mari, cuisinier attitré du foyer. «Lui est aux fourneaux, et moi je suis à l’intendance», résume Camille, ravie de l’équilibre enfin trouvé. De temps en temps, elle troque sa soupe pour une salade et Jordan ses plats mijotés pour un repas vite préparé. Cette année, la presque trentenaire a épaté son mari en préparant un succulent bœuf bourguignon pour la Saint Valentin. «Le couvre-feu a du bon», plaisante Jordan.
Mélange de cultures
Marié à Esperanza, Michel a vécu vingt ans en Colombie. «Au début, nous avons dû nous adapter et créer notre propre culture culinaire», souligne-t-il. Le plus étrange pour lui a été de boire du chocolat chaud avec des morceaux de fromage fondu dedans. «J’étais très surpris, mais j’ai goûté et j’ai aimé.» Néanmoins, l’expérience aussi déroutante ne s’est pas limitée à la seule sphère de la belle-famille. Ailleurs, il est aussi surpris d’être servi à l’assiette et observe également les convives lancer l’entame d’un repas spontanément sans règle aucune. Esperanza et Michel ont donc décidé de prendre des repas à la «française» avec un plat au centre de la table et de s’accorder d’autres temps plus formels. Les crêpes et les frites françaises ont complété les plats colombiens composés de riz, maïs, pommes de terre, ragoût et de jus de fruit frais à la fin du repas.
Rentrés en France, Esperanza et Michel ont repris une alimentation européenne, avec quelques touches colombiennes: des desserts aux fruits et un café très léger. Contrairement aux plats d’autres pays d’Amérique latine, la cuisine colombienne est très peu piquante. «C’est en France qu’elle l’est, avec de l’ail, de l’oignon, de la charcuterie ou du fromage», assure Esperanza, qui s’amuse d’ainsi déjouer les idées reçues. Et Michel d’ajouter: «Le plus important, ce n’est pas ce qu’on met dans son assiette, mais avec qui on le partage. C’est ça qui assaisonne la vie!»