Le couple à l’épreuve du vieillissement
Après avoir été façonné par plusieurs étapes de la vie (la rencontre amoureuse, la vie professionnelle, le départ des enfants…), le couple se retrouvera inévitablement dans son état initial, c’est-à-dire à deux. Ainsi, quand Jacques a décidé de vivre dans la maison de vacances familiale à l’autre bout de la France deux mois après sa retraite, sa femme Annie a été choquée. «Il avait toujours dit qu’il partirait au pays basque pour sa retraite, mais je ne m’attendais pas à ce que ce soit effectif. C’est un peu “qui m’aime me suive” et moi, je me sens sur la touche.»
Changer de perspective
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La soudaineté des événements – qui peuvent être stressants – demande au couple une grande capacité d’adaptation, souvent minimisée et peu anticipée. En effet, selon trois psychologues québécois, «le partenaire est bien souvent la personne la plus significative, tenant lieu de confident, de compagnon d’activités, de source de soutien ou de proche aidant pour le conjoint vieillissant.»
Chez Christiane et André, tous deux âgés de soixante-neuf ans, les changements liés à la vieillesse se sont invités violemment, lorsqu’André a fait un infarctus. Sportif engagé, adepte d’un mode de vie sain, il n’avait jamais connu la maladie. Habitués des voyages et des projets associatifs, Christiane et André ont dû se rendre à l’évidence: il fallait s’adapter. «Je dois prendre un nouveau rôle dans notre couple, notamment essayer de raisonner André lorsqu’il cherche à repousser les limites posées par les médecins. Ce n’est pas une tâche facile! Notre couple n’a jamais fonctionné comme cela, nous sommes très indépendants l’un de l’autre et avons toujours joui d’une grande liberté individuelle. Cet infarctus est venu complètement redéfinir notre façon de prendre soin l’un de l’autre.»
«Improvise. Adapt. Overcome.»
Toutefois et selon la même étude menée par les psychologues Myriam Gauvreau, Yvan Lussier et Stéphane Sabourin, les recherches montrent que les partenaires qui ont développé du soutien et du respect pour l’autre et qui communiquent de façon positive auront les clés pour une relation conjugale satisfaisante et de longue durée.
C’est ce qu’ont vécu Léonor et Michel, mariés depuis cinquante-deux ans. En effet, ils ont découvert avec stupeur que Léonor a presque perdu la vue à la suite d’un «Covid long». Deux ans auparavant, c’est Michel qui a subi un accident cérébro-vasculaire et, s’il a recouvré ses capacités physiques, a perdu la mémoire à court terme. Malgré ces coups durs, le couple souriant déclare: «Quand on doit aller quelque part en voiture, Michel a les yeux et moi j’ai l’itinéraire, on se complète!»