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Mariés, confinés… la thérapie pour voyage de noces

© Istockphoto
Qui sont-ils ces couples mariés en 2020 qui se retrouvent déjà en thérapie? Essayant de démarrer une vie à deux en pleine pandémie, ils ont essuyé maintes déceptions et frustrations. Un dialogue ouvert leur permettra d’avancer et de fortifier leur mariage.

«Allô? Oui, je téléphone pour un rendez-vous, j’ai besoin d’aide… Nous sommes mariés depuis six mois et ça ne va pas très fort…»
Faut-il s’étonner qu’un couple puisse recourir au conseil conjugal peu de temps après leurs noces? Oui, si on garde du mariage une vision romantique imaginaire dans la logique de la fin des contes de fées: «Ils se marièrent, vécurent heureux et eurent beaucoup d’enfants.» Non, si on sait que la première année de cohabitation apporte un nombre de changements tel qu’elle est le plus souvent ponctuée de doutes, de difficultés voire de crises. Et, en ce temps de covid, de nombreuses épreuves supplémentaires attendaient les jeunes couples.

À lui seul, il ne fait pas son bonheur

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Eloïse a vécu des mois difficiles, avec une plongée progressive dans un état dépressif. Pour se marier, elle avait quitté sa région natale avec famille, amis et travail. Le couple vit en banlieue parisienne et elle avait accepté ce grand changement de cadre. Mais le confinement est venu interférer dans sa recherche d’emploi et elle a vécu ces semaines-là seule à la maison pendant que son mari se rendait au travail. La perte de tous ses repères et de ses relations sociales habituelles a plongé Eloïse dans une solitude puis un état d’hébétude. Elle, d’ordinaire si enjouée et dynamique, se retrouvait privée d’actions et d’objectifs, enfermée dans son petit appartement, soumise à l’ambiance anxiogène décuplée par certains médias.

Son époux Marc se sentait non seulement démuni pour l’aider, mais aussi déstabilisé par les réactions de la jeune femme. Même s’il voulait faire preuve de patience et de bienveillance pour la soutenir, au fond de lui, au fil des semaines se développait une forme d’amertume puis de rancune. Il s’était tant réjoui de cette union! S’apercevoir qu’il ne faisait pas, à lui tout seul, le bonheur de sa femme était non seulement frustrant, mais presque humiliant.
Chacun se renfermant sur sa souffrance, les dialogues devenaient laconiques et superficiels, empreints de tristesse. Pas de dispute, mais un lourd silence qui recouvrait toutes les déceptions que chacun s’efforçait de cacher.

Adopter une approche différente

Pour Ludovic et Shanna, c’est lui qui a porté le symptôme de la tristesse. Mis au chômage brutalement, il a perdu confiance en lui. Il ne peut plus alimenter le compte commun comme c’était prévu et vivre sur le petit salaire de sa femme ne le satisfait pas. Même si elle s’emploie à relativiser le problème et à le rassurer, il vit mal cette situation et, paradoxalement, lui en veut presque d’avoir «le beau rôle». A cause de cette double blessure narcissique, professionnelle et financière et d’autres soucis mineurs, il a vu sa libido s’évanouir. Ces premiers mois de mariage, loin de leur apporter la satisfaction sexuelle espérée, amènent Ludovic et Shanna à se questionner sur la force de leurs sentiments amoureux. Ils ont aussi besoin de faire le point sur leur rapport à la sexualité: passer d’une vision instinctive, rapide et performative de l’acte sexuel à une approche en douceur avec beaucoup de patience et de fantaisie érotique. Ce sera pour eux un chemin de reconstruction d’une nouvelle intimité dans la complicité.

En pleine pandémie

Marc et Mélissa ont quant à eux vécu l’année 2020 dans une dynamique inverse. Travaillant dans le domaine médical, Mélissa a dû augmenter ses horaires et reporter ses jours de récupération. La fatigue a fini par s’accumuler. A la surcharge professionnelle se sont ajoutés agacement, colère face aux incohérences d’organisation, aux insuffisances de moyens et au manque de reconnaissance. Mais il fallait faire face et elle a tout donné, à l’hôpital.

Marc, nouvellement embauché dans une petite entreprise de pompes funèbres, a vu lui aussi la pression professionnelle augmenter. Les contraintes sanitaires rendent impossibles les adieux mortuaires et les célébrations. La mort est là, le plongeant dans une ambiance irréelle de peurs et de détresse, où fatalisme et révoltes se côtoient. Lorsque Marc rentre un soir à la maison et reçoit de sa jeune épouse la nouvelle de sa grossesse, il est incapable sur le moment de ressentir de la joie. Non que ce projet de naissance n’ait pas été porté ensemble, mais là, tout de suite, se projeter dans la parentalité avec bonheur n’est possible ni pour l’un, ni pour l’autre. La maladie et la mort sont leur quotidien: comment y accueillir la vie, une nouvelle vie?
Au fil de l’accompagnement, Mélissa et Marc pourront retrouver le sourire en sortant petit à petit de la spirale professionnelle dévorante, pour instaurer un équilibre de vie. Ces nouveaux moments de repos partagés leur permettront de goûter à nouveau à la tendresse et, doucement, de passer de la crainte à la joie pour ce temps de grossesse.

Ces années 2020 et 2021 ont fait vivre aux jeunes mariés des heures particulières, parfois très difficiles. A certains, cela a fait découvrir - un peu brutalement - que le mariage est certes une belle ambition sur la voie du bonheur, mais qu’une relation de couple, loin d’être une évidence, se construit, se nourrit et se travaille.

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