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Se montrer juste envers chacun, mission impossible?

© Istockphoto
Se montrer juste dans une fratrie est à la fois mission possible et impossible, souhaitable et non souhaitable. Il s’agit de viser le bon but et de prendre en compte l’individualité de chaque enfant. Tour d’horizon avec une vingtaine d’adultes consultés sur le sujet.
Natacha Horton

La justice est quelque chose qui se pratique, mais tous les interrogés s’accordent à dire qu’elle est surtout et d’abord quelque chose qui se ressent. Même dans l’hypothèse d’un parent qui appliquerait une équité totale entre ses enfants, le ressenti de l’enfant primerait et il est quasiment garanti qu’il ne ressente pas la justice voulue. Pourquoi? «La justice est très subjective», répondent la plupart des adultes consultés. «Le point de vue des enfants n’est jamais le même que celui des parents», «chaque enfant est différent et a des besoins différents». La notion d’individualité de l’enfant est celle qui revient le plus souvent. Ce qui va générer un sentiment d’injustice chez l’un ne va pas forcément être le cas chez l’autre.

S’adapter aux besoins de chacun

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Dès lors, la clé pour le parent est d’apprendre à repérer les signaux que renvoie chaque enfant, pour s’adapter à ses besoins. Le test a été fait par l’une des mamans: «A la question: “Quand as-tu le sentiment que papa et maman ne sont pas justes entre vous?”, mon aînée a répondu: “Ils peuvent faire plus d’écran que moi à leur âge.” Mon deuxième a répondu: “Vous prenez plus de temps pour coucher mon petit frère.” Et le petit dernier: “J’ai moins souvent de bonbons que les autres.”» «On doit apprendre à connaître son enfant et son langage», ajoute une autre maman. En écoutant et en répondant au besoin profond (pas nécessairement celui des bonbons), on ne donnera pas la même chose à chacun. Mais on gagnera en qualité et on renforcera l’individualité de chaque enfant.

Nos souvenirs d’injustice?

Pour repérer ce qui peut générer un sentiment d’injustice chez un enfant, se replonger dans sa propre enfance est une piste intéressante et les adultes consultés ont fait l’exercice. Sont ressortis: la valeur des cadeaux reçus, des préférences entre les filles et les garçons, des règles plus souples ou des privilèges pour les plus jeunes, la comparaison, des différences de punitions et de règles, l’investissement inégal des parents, etc. Autant de choses qui comptent et qui marquent.

Les domaines essentiels

Il y a donc des domaines dans lesquels le parent peut et se doit d’essayer d’être juste. «Le temps accordé à chacun» est la réponse qui revient le plus souvent. Mais également appliquer les mêmes règles et conséquences, accorder les mêmes privilèges au même âge, donner des paroles valorisantes à chacun, investir de la même manière financièrement dans leur avenir et leurs besoins, leur donner la même affection et la même confiance, des cadeaux de la même valeur, la même place pour parler. Il s’agit aussi d’éviter la comparaison.

Se montrer juste dans une fratrie est donc une mission à la fois souhaitable et impossible. Malgré toute la bonne volonté du parent, le risque qu’un sentiment d’injustice apparaisse est grand. Mais comme le soulignent plusieurs interrogés: «C’est aussi au sein de la famille qu’on fait cet apprentissage, qu’on apprend à gérer le sentiment d’injustice que la vie va inévitablement nous apporter et qu’on grandit!»

Magazine Family

Article tiré du numéro Family 4/21 Novembre 2021 – Janvier 2022

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