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S’aimer, malgré des avis qui divergent

© Istockphoto
Il est contre le vaccin, elle est infirmière, il aime la musique classique, elle est attirée par le rock, il aime jardiner, elle passe son temps à jouer en ligne, est-il possible de s’aimer et de vivre ensemble en harmonie quand nos opinions nous séparent? Accepter de ne pas être d’accord pourrait prouver un amour qui va au-delà des différences.
David Nadaud

Philippe et Brigitte sont tous les deux retraités. Malgré l’amour qu’ils se portent l’un à l’autre, ils ne partagent pas les mêmes avis sur tout. Des divergences avec lesquelles ils vivent depuis plus de quarante ans: «Dans la plupart des domaines, nous nous sommes rendus compte que nous n’étions pas d’accord. Que ce soit pour les films, la musique, l’environnement, etc.» Alors que Brigitte aime le rock et les jeux en ligne dans des univers virtuels, Philippe est adepte de musique classique et de jardinage. «J’étais un jeune scout, j’ai toujours été proche de la nature, j’ai appris à chasser et pêcher avec mon père et aujourd’hui je pourrais passer des heures à jardiner», explique-t-il.
«J’aime bien le jardin de Philippe, surtout les légumes, les fruits et les fleurs mais j’ai une phobie des vers de terre. Quand mon fils m’a fait découvrir les jeux en réseaux, j’ai découvert une nouvelle passion», confie à son tour Brigitte.
Philippe poursuit: «Comme nous sommes tous les deux à la retraite, nos différences ressortent davantage car nous avons plus de temps. Nous passons du temps à faire ce que nous aimons, nous avons chacun notre bureau, où nous pouvons nous consacrer à nos activités, écouter notre musique et regarder ce qui nous plaît, mais aussi faire nos loisirs créatifs différents.»

Différence, mais pas indifférence

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Le risque dans une telle situation serait de cohabiter, de ne plus avoir rien en commun, mais Philippe et Brigitte font régulièrement des pas l’un vers l’autre: «On s’amuse parfois de voir l’un de nous deux s’emballer pour un sujet qui laisse l’autre totalement indifférent. Mais on cherche toujours à comprendre et on s’intéresse suffisamment pour connaître les bases du sujet qui passionne l’autre.»
Pour ce couple, la différence est bel et bien présente, mais pas l’indifférence! «Et surtout, nous avons des sujets en commun, nous nous retrouvons sur notre canapé pour certains films et séries que nous aimons tous les deux. De plus, nous aimons cuisiner, donc c’est aussi une activité qui nous rassemble.»

Et au niveau politique, religieux?

Si l’atmosphère est bon enfant lorsqu’il s’agit des passions d’un couple, comme le prouvent Brigitte et Philippe, qu’en est-il des opinions politiques ou religieuses? Isabelle, elle aussi mariée depuis plus de quarante ans, raconte: «Il y a quelques mois, suite à une rencontre sur un marché, j’ai commencé à m’intéresser à la foi chrétienne. Cela a fortement inquiété mon conjoint. Il pensait que j’entrais dans une secte. Il y a plusieurs années, les rôles étaient inversés, c’est lui qui avait commencé à fréquenter la franc-maçonnerie et moi qui m’inquiétais de le voir partir dans une secte. Il a fallu que l’on prenne le temps de se renseigner et de discuter pour nous accorder sur le fait qu’effectivement nous n’étions pas d’accord, mais que nous pouvions continuer notre vie de couple comme nous le faisons depuis quarante ans.»

La grande question du vaccin

Jusqu’à ce qu’il rencontre Alexandra, Mickaël ne souhaitait pas se faire vacciner contre le covid: «On ne connaît pas les effets sur le long terme de cette nouvelle technologie. J’ai eu le covid deux fois, mon test sérologique montre que j’ai désormais plus d’anticorps qu’une personne vaccinée.» Mais il a rencontré Alexandra il y a plusieurs mois maintenant et ils parlent même de s’installer ensemble. A un détail près: Alexandra est infirmière. Mickaël explique: «Pour elle, la question ne se pose pas: le vaccin est obligatoire. Nous n’avons pas les mêmes rapports à la santé, mais j’ai fait des pas dans son sens. J’ai arrêté de faire la bise à mes amis et je ne partage plus mon verre en soirée, afin de respecter les gestes barrières. En ce qui concerne le vaccin, elle comprend et accepte mes convictions, mais se sent privée de liberté parce qu’il y a trop de choses que l’on ne peut pas faire.»

Accueil, écoute et respect

Selon la psychologue Sonja Dubouchet, «l’accueil inconditionnel, l’écoute et le respect de ce qui est important pour l’autre» représentent trois clés à cultiver pour les couples qui ont des avis divergents. «Je conseille que chacun vive librement ses passions tout en tenant compte de l’autre. Vivre en couple se fait dans un lien qui libère, qui fait que l’on est plus libre ensemble que seul.»
La spécialiste insiste en outre sur l’importance de l’individu: «On n’est pas obligé de tout comprendre de l’autre, ni de tout se dire. Ce qui est important, c’est que le couple lui aussi puisse cultiver des domaines d’intérêts communs.»

Magazine Family

Article tiré du numéro Family 1/22 Février – Avril 2022

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