Mon fils, ma fille, s’il te plaît… prends une douche!
Claude et Cathy ont cinq garçons, dont quatre ont passé le cap de l’adolescence: «Nos trois premiers ont eu le même comportement: tout allait très bien au niveau de l’hygiène, puis ils ont eu une période où plusieurs fois par semaine ils ne voulaient pas se laver. Pour le premier, on s’est pris la tête, cela a été une période difficile de conflit qui a duré deux ou trois ans. Et puis le déclic est venu quand il a commencé à sortir avec ses copains. En ce qui concerne nos autres fils, nous leurs avons juste rappelé les changements dans leur corps qui faisaient qu’ils se mettaient à avoir une transpiration odorante et qu’il fallait se laver, on ne s’est pas pris la tête avec eux. La transition a duré à peine plus d’un an. Notre dernier fils a quant à lui eu le déclic en quelques mois seulement.»
L’hygiène, reflet de l’intérieur
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Nicole travaille dans un internat et voit passer des centaines d’adolescents chaque année: «L’hygiène s’apprend avant l’adolescence. Si des problèmes de cette nature surgissent à ce moment-là, ils sont souvent un symptôme: la manière dont on prend soin de soi ou pas parle clairement de ce qui est vécu à l’intérieur. Et c’est sur l’intérieur qu’il faut agir pour avoir un progrès sur le reste. L’adolescence étant ce moment de remise en question de soi et des autres, c’est souvent une attitude de refus de l’autorité et du conformisme aux règles ou alors le rejet de soi.» «Il faut essayer de “trouver” le jeune dans la relation», ajoute celle qui a également élevé cinq enfants. «Il s’agit de veiller à ne pas “mettre la honte” à son enfant, mais plutôt user de tact, car si la culpabilisation et l’humiliation peuvent fonctionner, elles infligent des blessures pires que le problème initial.»
Astuces et techniques de parents
Magalie, maman solo confrontée au même problème a trouvé d’autres astuces pour donner envie à son adolescent: «Je l’ai pris avec moi pour faire des courses et je lui ai demandé de m’aider à choisir un nouveau gel douche, on en a profité pour prendre également un nouveau déodorant et un savon spécifique pour son visage.»
Jérôme travaille comme éducateur auprès d’adolescents et témoigne d’une anecdote qui illustre que parfois une simple discussion suffit: «Timéo a onze ans et une vision bien à lui de ce qu’est l’hygiène. Selon lui, se doucher revenait à faire couler de l’eau sur son corps. Alors que nous venions de lui expliquer comment et pourquoi utiliser un gel douche, nous lui avons demandé pourquoi il ne le faisait pas: “Je vais perdre trop de temps! Et puis regarde les chats! Eux ils ne mettent pas de gel douche et sont quand même propres non?” “Oui mais tu n’es pas un chat Timéo.” “Non, mais j’aimerais bien car en plus ça ne fait que dormir et manger un chat.”» Après mûre réflexion, Timéo a pris une vraie douche, récompensée par un vrai goûter pour les humains, car définitivement, le régime alimentaire du chat non plus ne lui convenait pas.