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Couple mixte, une richesse à transmettre

© GettyImages
D’origines, de religions ou de confessions différentes, le couple mixte sera de prime abord confronté à des défis propres à sa mixité. S’il parvient tant bien que mal à surmonter ces difficultés, il pourra tirer profit de toute la richesse et des qualités que les différences créent inévitablement.

En milieu chrétien et en Occident, le «couple mixte» (ou «couple interconfessionnel») unit des conjoints issus du catholicisme et du protestantisme, rarement de l’orthodoxie. En sociologie, le «couple mixte» unit deux diversités fortes: deux nationalités, deux continents, donc deux cultures, sinon deux religions (on parle alors de «couple interreligieux»).
On comprend bien, ici, qu’une catholique irlandaise et un catholique ougandais diffèrent sans doute davantage qu’un protestant et un catholique alsaciens. Il faut intégrer aussi l’agnosticisme (un des époux ne se prononce pas sur l’existence ou non de Dieu), le refus de s’inscrire dans une religion (ce qui ne veut pas dire qu’on ne croit en rien), sinon l’athéisme (un conjoint pense que Dieu n’existe pas).

Couple mixte et transmission religieuse

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Souvent, le pessimisme guette au sujet de l’éducation religieuse. Et ce n’est pas infondé! On connaît tous des enfants qui n’ont suivi ni catéchisme catholique ni école du dimanche, afin de ménager la chèvre et le chou. Sans compter «l’effet patchwork»: un bébé sur deux baptisé protestant, l’autre catholique, pour satisfaire les grands-parents, mais parfois en un cercle familial où «ce qui se fait» prime sur la relation à Dieu… «Un vrai super Gendarme, au radar invisible calculant l’addition pour le grand jour», tacle Pierre, 15 ans, en révolte ouverte.

Pour le couple interreligieux, est-ce plus simple? Voici Anila, au type «éthiopien»… En réalité, son père est moitié Breton, moitié Antillais, et sa mère vient d’Inde du Sud. Le premier l’a imprégnée d’un catholicisme mâtiné d’animisme, la seconde l’a initiée aux divinités hindoues… «J’ai longtemps cru pouvoir faire coexister toutes ces traditions en moi. Mais grandir entre plusieurs religions, c’est un peu comme être assis entre deux chaises.»

La paix des coeurs

Abdeljalil Akkari, enseignant à l’université de Genève, commentant le livre Vivre en couple mixte, (éd. L’Harmattan) d’Isabelle Lévy, pointe des constantes. Ce qui va importer est doublement la manière dont chacun des conjoints se rapporte à ses croyances et valeurs, comme à son legs familial, et la qualité du dialogue du couple sur l’éducation à offrir.
Lien au religieux familial assumé? Mal vécu? Rejeté, ou simplement interrogé et réinterprété? Projet conjugal concerté et ajusté au fil du temps, ou lesté de non-dits, de peurs, de rivalités larvées?

En clair, plus le lien au religieux des parents (à la fois au groupe de rattachement, mais aussi aux croyances, avec ce qu’elles impliquent) est pour eux lisible et paisible, plus une tradition paternelle et/ou maternelle va pouvoir enrichir la génération suivante.
A l’inverse, plus le lien à cet héritage est flou et contradictoire, moins les enfants en bénéficieront… En tous les cas, si au moins l’un des deux parents est à l’aise avec le sujet, les jeunes auront un héritage assimilable… Sauf s’il y a «guerre d’influence» où l’un vit la joie de l’autre comme un affront, voire une tentative de le supplanter auprès des enfants! Et cela peut être subtil.

Le vertige du vide

Or, Catherine Grandsard du Centre Georges-Devereux, insiste: on ne peut se construire sur du sable. Personne ne rend muet son enfant pour l’«affranchir d’une seule culture»! Idem pour la musique, le style vestimentaire, l’architecture, etc. Il s’agit là d’ancrer l’enfant quelque part, et ensuite de diversifier les sources, en dopant la curiosité, tout en faisant réfléchir sur les valeurs, sans dégrader ce qui a aidé à grandir ici et maintenant… Et vouloir mixer un «gloubi-boulga» inodore, incolore et sans saveur, en restant vague, n’est pas porteur.

Une créativité est possible! Face à un héritage contesté, on peut dire ce à quoi on adhère ou non, ce qui fait sens pour soi. On peut inventer, mais aussi agréer ensemble, des modalités pour prier, célébrer les fêtes annuelles, intégrer des objets et symboles, cuisiner et dresser la table, ritualiser la naissance, l’adolescence, le mariage, la mort…

Autant d’occasions quotidiennes, ou plus solennelles, de transmettre ce qui donne souffle à notre vie et anime notre existence de parents comme notre projet de famille unie par l’amour… dans le désir de transmettre l’essentiel.

Dossier: Spiritualité
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