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«Bravo, moi!»

Une jeune souriante applaudit
© Getty Images
Il est bon de féliciter et de valoriser les autres, mais en solo, l’exercice est loin d’être toujours intuitif et peut carrément paraître narcissique. Analyse de l’autocongratulation, parent – très – pauvre (mais puissant) des félicitations.
Sandrine Chansel

L’autocongratulation est l’«action de se féliciter soi-même», selon la plupart des dictionnaires récents. Mais elle est souvent mal comprise, confondue avec une forme de prétention. Elle est par exemple pointée du doigt sur LinkedIn, où des dirigeants dénoncent toute une génération d’«enfants-rois» qui, maintenant sur le marché du travail, semblent penser que tout leur est dû et s’auto-félicitent sans supporter la critique, le tout en étant incapables d’être autocritiques.

Une notion biblique et psychologique

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Pourtant, l’autocongratulation semble puiser ses fondements dans la Bible-même: «Qu’il ne sorte de votre bouche aucune parole mauvaise, mais s’il y a lieu, quelque bonne parole, qui serve à l’édification et communique une grâce à ceux qui l’entendent» (Eph. 4, 29-32). Cette parole de l’apôtre Paul ne laisse plus aucun doute – s’il y en avait encore – sur l’impact de chaque mot que l’on emploie. Puis-je alors formuler envers moi-même quelque chose qui me procure de la «grâce»? Une majorité de psychologues nous enjoignent aussi à «réorienter nos systèmes de valeurs» en reconnaissant ce qui, dans une expérience, a été positif, gai et agréable, autrement dit à cultiver la gratitude. Nous activons ainsi nos bonnes émotions, ainsi que le fameux système de la «récompense».

Dans le suivi des personnes neuro-atypiques, les gens porteurs d’un trouble de l’attention sont aussi invités à célébrer leurs réussites, même petites, en s’offrant carrément un cadeau ou une sortie. Ce stratagème, loin d’être ridicule, leur permet de se valoriser profondément et d’être chaque jour un peu plus libres de l’autocritique – conséquente – qu’ils s’infligent. Il me semble que ce qui fonctionne avec les neuroatypiques peut fonctionner chez tout le monde… En effet, Dieu nous rappelle tout le potentiel qu’il voit en nous avec la parabole du fils prodigue: au retour vers lui, au-delà de la boue que nous avons traversé, c’est le plus profond de nous-mêmes qui commence à faire la fête. «Je te loue de ce que je suis une créature si merveilleuse. Tes œuvres sont admirables, Et mon âme le reconnaît bien» (Ps. 139, 14). L’autocongratulation saine commence sans doute ainsi!

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