«De toute façon, tu vas dire que…»
En pleine dispute de couple, il est souvent difficile d’éviter les phrases blessantes, qui empêchent un dialogue mature. «Même si ces petites phrases nous échappent régulièrement et témoignent d’une connaissance aiguisée de l’autre, elles demeurent révélatrices d’une perception atrophiée de son conjoint», observe Olivier Bader, accompagnant spirituel dans l’association LiSa-Pro couples avec son épouse Franziska.
Restons curieux!
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«En lui parlant ainsi, je crois lui dire combien je le connais, combien il peut être parfois têtu et figé dans ses positions ou opinions. Mais ce type de répliques est la meilleure manière de mettre un bouchon solidement enfoncé dans le canal de la communication», ajoute le pasteur. «A très court terme, c’est la relation conjugale toute entière qui est menacée.»
Le couple accompagnant évoque le poids du message que véhiculent ces allégations lancées dans le feu d’une discussion. Celui qui les reçoit se demande s’il est à ce point prévisible et s’il est incapable d’une opinion inattendue ou de changement. Finalement, la tentation de se renfermer et de ne plus communiquer est bien présente puisque son conjoint n’écoute plus.
Fort de leur expérience d’accompagnement des couples, Olivier et Franziska Bader encouragent chacun à garder un regard curieux et une oreille attentive aux propos de son partenaire de vie.
A la recherche de l’or
«Un dialogue ouvert et dynamique peut être comparé à un chercheur d’or», image Olivier. «Il ne se lasse pas de creuser, à la recherche de pépites. Il sait que chaque coup de pioche lui révélera peut-être une richesse insoupçonnée, même si, en apparence, le terrain lui semble si familier.»
Et d’ajouter: «C’est le défi du dialogue dans la durée. Je suis appelé à considérer mon conjoint comme un être vivant, toujours en transformation, même si les apparences disent le contraire. Mon intérêt, mon écoute toujours renouvelée, mes questions ouvertes, respectueuses et encourageantes seront autant d’invitations à l’autre à s’ouvrir et à se révéler en vérité. Et si cette ouverture révèle des zones figées, des blocages, alors je pourrai mieux le comprendre et être compatissant», ajoute l’accompagnant pour qui cette attitude peut ainsi devenir le premier pas d’une évolution positive et inattendue vers une communication beaucoup plus saine.
Ecouter, c’est s’épanouir
Cette faculté d’écoute est non seulement nécessaire à une vie de couple harmonieuse, mais aussi au développement individuel si l’on en croit le docteur Paul Tournier qui écrivait: «Renoncer à comprendre son conjoint, c’est renoncer à se comprendre soi-même, à se développer, à s’épanouir.»
Dès lors, la prochaine fois, avant de lancer l’habituel «De toute façon tu vas dire que», si l’on essayait d’écouter? Ecouter vraiment?