Le passage à la retraite d’Alain, soixante-deux ans, n’a pas été de tout repos ni pour lui ni pour son épouse Isabelle, de neuf ans sa cadette. Lui, cadre dans l’industrie, si impliqué dans son travail et très fréquemment en déplacement s’est retrouvé à la maison, morose et désœuvré, tandis que sa femme Isabelle continuait (et continue encore) à travailler comme infirmière en hôpital. «Ce passage à la retraite a créé un peu de panique dans notre couple», relate Alain, trois ans plus tard. «Nous nous retrouvions ensemble tous les jours alors que les dernières années avant la retraite, je ne vivais pas à la maison durant la semaine. Dès le début, mon épouse m’a informé: “Chacun garde son coin à soi et tu me laisseras faire la cuisine”.» Plus d’un an a été nécessaire pour que ce père de quatre grands enfants s’adapte à sa nouvelle situation.

Comme un lion en cage!

Pour Isabelle en revanche, qui travaille à temps partiel, le retour de son mari à la maison a changé «énormément de choses». «J’étais consciente que j’avais des manies moi aussi. J’ai eu la sensation d’une certaine perte d’autonomie. Tout d’un coup, je me suis retrouvée à vivre au jour le jour avec quelqu’un qui ne travaillait pas… et qui en souffrait!»
Tandis qu’elle a un statut social, lui n’en a plus, souligne Isabelle. Son mari lui apparaissait comme un lion en cage durant les premiers mois de la retraite. Certes, Alain avait pu participer à des journées de préparation dans le cadre de son travail, mais son épouse Isabelle regrette que les conjoints ne soient pas impliqués. «Il est nécessaire de se préparer à la retraite dans le monde du travail mais aussi dans le couple lui-même», insiste-t-elle. Les défis ont été l’occasion néanmoins de faire un bilan. Et de réajuster ce qui devait l’être.