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Ces pères qui travaillent moins pour être plus présents

© Istock
Papa de un, deux ou sept enfants, ces hommes ont fait le choix de réduire leur activité professionnelle pour passer du temps à la maison. Entre jonglage des horaires, équilibre familial et tâches pratiques, ils partagent leur expérience. Témoignages.

Papa de un, deux ou sept enfants, ces hommes ont fait le choix de réduire leur activité professionnelle pour passer du temps à la maison. Entre jonglage des horaires, équilibre familial et tâches pratiques, ils partagent leur expérience. Témoignages.

Les mamans au foyer, c’est très courant. Mais la tendance semble s’inverser – ou du moins s’équilibrer. Qui sont-ils, ces papas prêts à réduire leur activité à l’extérieur et passer leurs journées auprès de leurs enfants?

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VALORISER, ÉCOUTER ET ACCUEILLIR

Guillaume a 36 ans. Il est entrepreneur et professeur des écoles, marié et papa de sept enfants: «Je travaille beaucoup à la maison. Je suis devenu veuf il y a quatre ans et depuis, j’ai refait ma vie. Avec mon épouse, nous avons sept enfants de sept à dix-sept ans. J’imagine ma dynamique professionnelle dans le cadre de la famille. Dans la mesure du possible, je décide de mes rendez-vous, de mes déplacements, et essaie de préserver les temps de vacances. Ma compagne a aussi besoin de temps pour elle. Au quotidien, on s’organise par demi-journées. Trois de nos enfants font l’école à la maison. Certains matins, c’est elle ou moi.
Pour la construction des enfants, il est essentiel qu’ils puissent savoir leur papa disponible, alors que leur maman est décédée. Ma disponibilité est d’autant plus importante. J’essaie d’être davantage présent et souple sur mes horaires. Parfois, cela ne fonctionne pas mais je gagne en sécurité intérieure et cela permet de remplir leurs réservoirs d’amour. C’est au travers de nos relations qu’ils se construisent. Il s’agit de valoriser, écouter, accueillir les émotions. J’apprends aussi à apprécier les jeux et les mondes de mes filles, par exemple. On doit prendre sur nous, mais l’important c’est d’apprendre à y trouver du plaisir, pas seulement en tant qu’homme mais aussi en tant que papa, même si je n’ai pas de plaisir aux jeux de ma fille. C’est mettre de côté mon monde d’homme pour m’adapter à celui de mes enfants.
C’est un défi de passer du temps avec chacun et une frustration de ne pas pouvoir en donner autant qu’on le voudrait. Un travail d’équilibriste entre ses enfants, son couple et sa famille. C’est là que je dois savoir me ressourcer pour passer de bons moments avec eux. Un choix responsable pour être un bon époux, un bon papa et un bon chef d’entreprise.»

LIBRE D’ÊTRE UN PAPA DE RÊVE!

Raphaël a 26 ans. Il est paysagiste à temps partiel, marié et papa de deux enfants: «Je fais partie d’une génération qui a le luxe de penser que le travail est important mais qu’il ne fait pas tout. Travailler à temps partiel nous permet de ne pas avoir à travailler plus que ce dont nous avons besoin. Aujourd’hui, quand je vois les fruits entre autres sur mes enfants, je ne reviendrais pas en arrière! A la naissance de mon premier, je travaillais à 100% avec trois heures de trajet par jour. Aujourd’hui, je peux le voir grandir, cependant je suis quand même surpris de voir que les journées n’ont toujours que vingt-quatre heures (rires)! Parfois, les hommes veulent optimiser leur temps, mais un moment de qualité avec ses enfants, c’est déjà optimal. Ils me demandent 100% d’attention et entre deux coups de balai et la lessive, je choisis de leur donner ces instants. Je me surprends parfois à me dire que je suis papa! Cela ne correspond pas à ma vision classique des choses. Quand je discute avec les générations précédentes, c’était impensable autrefois! Mais les pères de ma génération y réfléchissent et certains passent à l’acte.
Je n’ai pas encore senti de différence depuis la mise en place du congé paternité ici en Suisse mais je trouve que la loi a soulevé le fait que le père a une place importante dans la famille, une place à prendre. Je pense être un père imparfait mais avec la réelle intention d’apprendre, par la foi, à être un bon père. Je me sens très libre d’être le papa que j’ai envie d’être, le papa dont je rêve pour mes enfants: un papa pratiquant, présent et actif. Je veux être acteur du devenir de mes enfants.

ROUTINE DE PÈRE AU FOYER

Guillaume a 31 ans. Il est conseiller bancaire et a été papa au foyer pendant deux ans. Il est marié et père d’un enfant: «Après la rupture conventionnelle de mon contrat de travail, j’ai saisi l’occasion de rester auprès de mon fils et de mon épouse afin d’aider un maximum alors que nous n’avons pas nos familles près de nous. Ma femme était persuadée que je ne tiendrais pas plus de six mois! Il était convenu de passer une année tous les trois.
Nous avons vécu de bons moments en famille lors de différentes activités. J’étais fier de permettre à mon fils et à ma femme d’évoluer dans un cocon. Myriam pouvait se reposer après les nuits d’allaitement. J’avais le sentiment de bien faire et je voulais découvrir mon fils au quotidien, assister à toutes ses évolutions. Cependant, au bout de six mois, entre fatigue, stress et visions d’organisation différentes, la vie familiale est devenue difficile. Myriam a repris le travail au bout d’un an. Cette étape a été un tournant pour moi; je me retrouvais seul la journée.
J’ai alors mis en place notre routine, au parc, à la boulangerie. Je découvrais le coté showman de mon fils. J’étais pleinement épanoui et je me sentais à ma place. Et puis financièrement et professionnellement, il devenait important de trouver du travail avant ses deux ans, surtout que je craignais que les recruteurs ne soient réticents de proposer un poste à un homme qui s’était arrêté pour être papa au foyer. Pourtant, je ne souhaitais pas “abandonner” mon fils mais j’étais finalement prêt et depuis, je travaille à nouveau. Nous sentions que c’était nécessaire pour tout le monde.
Il n’y a pas si longtemps, mon employeur me disait que j’étais la première personne qu’il rencontrait avec l’expérience “père au foyer” sur son CV! Finalement, si mes copains m’avouent aujourd’hui qu’ils ne pourraient pas rester à la maison avec un enfant, tous pourtant trouvent génial de me voir épanoui et assumer ce choix. Dans nos familles, nous avons reçu des encouragements même si certains étaient inquiets pour mon avenir professionnel. Ceux qui étaient pères eux-mêmes ont partagé leur sentiment d’échec en me voyant évoluer. Mes anciens collègues pensaient que je perdais du temps voire que je reculais à titre professionnel. Mais vivre ces moments avec mon fils, développer une belle complicité dont je suis fier, cela ne se rattrape jamais!»

Dossier: Paternité épanouie 3.0
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