«Je ne peux pas… je travaille»
Trop souvent le mot «travail» résonne négativement aux oreilles des enfants. Il évoque surtout la non-disponibilité des parents, plus particulièrement lorsque ceux-ci travaillent depuis la maison, sous les yeux de leurs enfants.
- – «Je ne peux pas te chercher car je travaille.»
- – «Sois gentil, va jouer dans ta chambre, je suis épuisée par ma journée de travail.»
- – «Tu sais bien que je travaille: je ne peux pas venir accompagner ta sortie scolaire.»
Quand les parents invoquent leur travail, c’est souvent pour justifier leurs refus avec un argument imparable. Charge à l’enfant d’accepter la frustration qui s’ensuit. Avec le risque qu’il commence à considérer le travail comme ce qui empêche d’être libre, d’être heureux et de vivre en famille les événements importants.
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Redonner une valeur positive au travail?
Pour éviter cet effet nocif, une des pistes serait d’intéresser les enfants à sa profession. Lui raconter succinctement le quotidien de sa journée. Prendre le temps, dans un moment de partage, de lui expliquer les raisons du choix professionnel que l’on a fait, les études que cela nécessitait. Partager ses premières impressions lors de la confrontation à la réalité professionnelle. Le parent peut aussi réfléchir avec lui aux difficultés et aux satisfactions que lui donne son travail aujourd’hui.
Quand l’enfant entend son père et sa mère lui parler positivement de son travail, il peut se projeter dans un avenir professionnel. La question «Qu’est-ce que tu voudrais faire plus tard?» n’est pas aussi banale qu’elle en a l’air. Prise au sérieux, elle permet d’entrer dans un dialogue sur le projet de vie de l’enfant.
Si, actuellement, la jeune génération a du mal à entrer dans la vie professionnelle, elle a aussi des difficultés à donner du sens à son travail. Or, c’est bien la motivation qui permet de fournir l’effort physique et intellectuel nécessaire au travail. La finalité de l’entreprise peut être stimulante ou le travail lui-même intéressant. Certains trouvent leur satisfaction dans la réussite des objectifs annoncés, d’autres dans le sentiment du travail bien fait. D’autres encore ont besoin de recevoir l’approbation de leur supérieur hiérarchique ou le sourire des clients pour se sentir utiles.
Transmettre à sa descendance l’amour du travail était difficile quand le travail se faisait loin du domicile. La pandémie a sans doute un peu modifié la donne en faisant à nouveau entrer le travail dans le foyer. Non que cela soit toujours facile à vivre. Mais c’est l’occasion de témoigner à sa progéniture de sa relation au travail, de l’intérêt que l’on porte à son activité. Si les goûts et compétences des enfants vont certainement différer totalement de ceux de leurs parents, l’attachement à la valeur du travail pour les enfants est nécessairement porté par l’exemple parental qu’ils ont sous les yeux.