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Prendre le temps de discuter

Noémie Suter
© DR
J’aime écouter la radio en rangeant la cuisine. Ce matin, j’ai appris qu’un grand supermarché suisse relançait l’initiative des «Caisses blabla», auxquelles les clients sont invités à prendre le temps de discuter avec le personnel. Cette nouvelle m’attriste un peu: je me dis que nous sommes dans une société étrange, où l’on doit «institutionnaliser» une conversation qui me semble pourtant basique.
Noémie Suter

J’aime écouter la radio en rangeant la cuisine. Ce matin, j’ai appris qu’un grand supermarché suisse relançait l’initiative des «Caisses blabla», auxquelles les clients sont invités à prendre le temps de discuter avec le personnel. Cette nouvelle m’attriste un peu: je me dis que nous sommes dans une société étrange, où l’on doit «institutionnaliser» une conversation qui me semble pourtant basique.

Je constate pourtant avec regret que je suis souvent la première à courir d’un bout à l’autre du tapis roulant dès que j’entends les «bip bip» s’arrêter. Chercher mon téléphone, trouver la bonne application, activer toutes mes actions, sortir la carte de crédit, ne pas me tromper de code, finir par tout balancer dans mon caddie en évitant le regard noir des autres clients impatients derrière moi. Voilà la raison pour laquelle je laisse toujours passer les gens qui ont peu d’articles avant moi. Je le fais pour ne pas stresser et je reçois souvent un remerciement soulagé accompagné d’un «bonne journée!» Et moi? Ai-je regardé la personne qui a scanné mes nombreux articles? Lui ai-je souhaité une bonne journée en la regardant dans les yeux?

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Dans mon autre petit supermarché de village, je vis une expérience bien différente. La caissière me regarde, me salue et me lâche souvent une petite observation météorologique. Alors je m’arrête et je lève les yeux pour prendre le temps de bavarder. Un jour, j’ai osé prendre le temps de lui dire, à cette caissière, que je la trouvais extraordinaire! Elle connaît par cœur le nom des personnes âgées qui viennent dans le magasin et n’hésite pas à demander des nouvelles de l’époux malade resté à la maison. Un peu gênée, elle a souri et m’a remercié pour ma gentillesse… A mon tour, je me suis sentie valorisée. C’est ça la magie de la gentillesse: on reçoit en donnant!

Dieu me donne chaque jour son amour inconditionnel. Il m’offre quelques années de vie sur Terre, des heures dans lesquelles je peux choisir de mettre un peu de chaleur humaine là où je suis. Pas besoin de grand-chose: un sourire, une proposition de coup de main, dans le simple désir d’illuminer un peu mes relations.

Ce même jour où j’ai remercié la caissière, je m’étais garée un peu proche d’un représentant d’une marque de chocolats. Le voyant qui peinait à ouvrir sa portière, j’ai proposé de me déplacer. Touché, il m’a remercié en m’offrant un paquet de chocolats! Je l’ai remercié en lui disant que mes enfants seront contents, il en a alors ajouté deux de plus! Et moi, qui est-ce que je représente?

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