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Amoureux jusqu’au bout

Nicole Deheuvels
Lorsqu’on les voyait passer dans le village, lors de leur promenade quotidienne, on souriait. Ce n’est pas si fréquent de voir un couple de personnes âgées se donner la main dans la rue. Ils allaient lentement sur le chemin, toujours main dans la main, comme s’ils avaient encore vingt ans. Car après soixante-huit ans de mariage, ils s’aimaient toujours et n’entendaient pas le cacher.

Lorsqu’on les voyait passer dans le village, lors de leur promenade quotidienne, on souriait. Ce n’est pas si fréquent de voir un couple de personnes âgées se donner la main dans la rue. Ils allaient lentement sur le chemin, toujours main dans la main, comme s’ils avaient encore vingt ans. Car après soixante-huit ans de mariage, ils s’aimaient toujours et n’entendaient pas le cacher.

Un amour né après la guerre, dans un éclat de soleil sur les prés d’altitude, lors du ramassage des foins en montagne. Les regards de Marthe et Jean se sont croisés et une certitude a vu le jour: «Nous voulons être ensemble pour la vie!» Et leur amour a grandi dans le labeur partagé, à la maison, au jardin et dans l’atelier, s’étoffant avec la venue au monde de deux enfants. Avec un état d’esprit travailleur, ils ont construit leur maison de leurs mains, ils ont mené à bien leurs projets professionnels et ont activement participé à la vie de leur Eglise. Toujours ensemble.

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Lorsque les petits-enfants sont arrivés dans leur vie, ils se sont réjouis de pouvoir leur transmettre leurs savoir-faire manuel, culinaire et botanique ainsi que leur foi, avec conviction et simplicité, comme un socle de vie. Ils n’ont pourtant jamais oublié de s’amuser, en dévalant les pentes enneigées chaque hiver – et ce jusqu’à l’âge de 80 ans! Pendant leurs randonnées en montagne, ils louaient Dieu devant la splendeur des paysages.

A l’heure de leur grande vieillesse, avec ses dernières forces, Jean continuait à vouloir prendre soin de son épouse et se préoccupait de son bien-être. Les soignants de leur établissement pour personnes âgées ont rapproché leurs lits pour qu’ils puissent se tenir la main. Enfin, Marthe s’est endormie la première. Au lieu de s’en fâcher, Jean a exprimé sa reconnaissance d’avoir pu veiller sur elle lors de ses derniers instants: il avait rempli sa mission jusqu’au bout et se réjouissait de la retrouver auprès de Dieu; ce qu’il fit deux mois plus tard. A présent, je les imagine courant dans les champs de fleurs en louant Dieu… «L’amour est éternel!» dit la Bible (1 Cor. 13, 8).

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