Monsieur ou Madame Je-sais-déjà

Si votre conjoint vous répond «Je sais» alors que vous commencez à lui partager une réflexion sur une question importante pour vous, comment le prenez-vous?
A: Vous vous réjouissez en pensant qu’il vous connaît bien et qu’il a tout à fait compris ce qui vous arrive.
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B: Vous vous sentez coupé net dans votre élan par celle ou celui qui ne veut pas entendre davantage parler d’un sujet sur lequel il pense déjà tout maîtriser.
J’imagine que vous penchez pour la réponse B…
J’ai remarqué que les «Je sais» surgissent plus souvent qu’on ne croit dans les échanges entre époux. Sans doute la longévité de la vie commune permet-elle d’emmagasiner un certain nombre d’informations l’un sur l’autre: nous «savons» beaucoup de choses de nos histoires, de nos pensées, de nos souffrances et de nos projets. Sans doute pouvons-nous être tentés d’abréger un récit trop de fois entendu… ou des plaintes répétitives qui lassent nos oreilles. Parfois, nous sommes presque fiers de si bien connaître notre conjoint que l’on pourrait prédire chacune de ses remarques.
Pour autant et malgré les multiples confidences, nous ne sommes jamais en mesure de tout connaître de notre partenaire. Il reste toujours des aspects méconnus de son histoire ou de sa pensée. Et surtout, nul ne sait ce qu’il a exactement envie de communiquer à ce moment-là. Or, ce partage peut s’avérer très précieux: pour celui qui se confie, révéler une part de sa pensée est un besoin qui lui permet d’approfondir sa réflexion et gérer ses émotions. Pour celle ou celui qui écoute, laisser son aimé aller jusqu’au bout de son récit lui permet de discerner ce qui se joue d’important pour lui ou elle à ce moment-là. Cela demande un peu de patience et beaucoup de bienveillance. Enfin, pour se sentir aimé, il faut se sentir écouté! Alors au lieu du «Je sais!» un peu trop catégorique, pour montrer son attention et inciter à la parole en confiance, on pourrait plutôt dire: «Raconte-moi!»