Betty, qui est en congé parental depuis la naissance de ses deux enfants, est une maman épanouie. Pourtant, elle a l’impression d’être invisible aux yeux de son mari et d’être «parquée» sur la voie de garage en termes de carrière professionnelle. Elle a le sentiment que Jonas est, au contraire, motivé par la perspective d’une progression professionnelle. Avec sa promotion, celui-ci va passer plus de temps au travail qu’auparavant. Après tout, il le fait aussi pour sa famille. Jonas veut assurer à Betty et aux enfants une bonne situation et une sécurité matérielle. Mais il a l’impression que son épouse ne reconnaît pas ses bonnes intentions et il supporte de moins en moins «l’éternelle» insatisfaction de Betty.

Disputes en coulisses, sourires en public

Lorsque les enfants sont couchés et qu’ils ont l’occasion de parler, ils se disputent assez régulièrement. Ainsi, leur relation oscille entre reproches mutuels et frustration profonde. Mais en public, ils continuent de se présenter comme une famille modèle, sourient et ne laissent rien percevoir de leurs difficultés relationnelles.
Betty et Jonas ne sont pas une exception. De nombreuses relations de couple sont en crise et peu d’entre elles l’assument publiquement.

Pourquoi est-il si difficile de reconnaître ses faiblesses et de parler ouvertement des difficultés que l’on rencontre ensemble? Dans notre culture, admettre des problèmes est généralement un aveu de faiblesse. Il nous est tous arrivés, à un moment ou à un autre de notre vie, d’être critiqués, ridiculisés, voire punis pour nos faiblesses. Et personne n’aime revivre ces instants.

Une mauvaise idée

Cette posture est toutefois nuisible. En effet, les nombreux couples qui présentent une façade de mariage intacte donnent aux couples en crise l’impression qu’ils sont les seuls à ne pas être à la hauteur des normes et attentes bien trop élevées. La règle est simple: «N’envie pas le mariage parfait de quelqu’un – tu ne sais pas ce qui se passe derrière la façade.»
Les couples ont besoin d’une culture de l’ouverture, dans laquelle on parle ouvertement de ses victoires, mais aussi et surtout de ses échecs. Une culture dans laquelle on admet honnêtement ce que l’on doit encore apprendre ou les défis auxquels on est confronté en tant que couple.

Pour éviter de se retrouver dans des situations non voulues, de retomber toujours dans les mêmes pièges, l’authenticité est de mise. Parler de ses défis avec d’autres couples, avec un thérapeute, est libérateur. Et cela va encourager les autres: «S’ils y arrivent, nous le pouvons aussi.»

Les signes qui ne trompent pas

Le psychologue pour couples John Gottman décrit quatre signaux d’alerte pour la santé de la vie de couple: la critique, la justification, le mépris et le retrait.

Le premier, c’est la critique. Il nous arrive bien sûr de critiquer quelque chose qui nous dérange chez l’autre. Mais attention! Dès lors qu’une ambiance de critique s’est installée et que les critiques sont plus fréquentes que les encouragements et la reconnaissance, le besoin fondamental d’être aimé et accepté par l’autre est menacé.
Le mépris, quant à lui, est vécu lorsque l’un des deux rabaisse l’autre. Cela va se traduire par des paroles désobligeantes envers celui-ci, mais aussi par les paroles négatives que l’on aura à l’encontre de son partenaire devant des tiers. Le mépris est blessant et destructeur.

Le troisième comportement qui doit tirer la sonnette d’alarme chez le couple est la justification. Ne pas assumer la responsabilité d’une dispute, rejeter la faute sur l’autre ou légitimer sa propre réaction (aussi néfaste soit-elle) face au mauvais comportement du partenaire tue la confiance et la proximité.
Enfin, le retrait. Vouloir se retrouver seul de temps en temps pour être tranquille est, bien sûr, naturel. Mais si deux personnes érigent des murs invisibles entre elles et ne laissent pas l’autre s’approcher, ou si chacun vit sa vie et qu’il n’y a presque plus de points de contact, alors une séparation intérieure a déjà eu lieu.

À l’aide

Si l’un ou plusieurs de ces comportements s’installent ou sont présents de façon permanente, il est grand temps pour le couple d’agir. L’existence de bonnes amitiés solides peut être déterminante. Il est primordial pour un couple d’entretenir des relations de confiance avec d’autres couples avec lesquels ils peuvent être honnêtes et ouverts. Même si cela requiert parfois une humilité douloureuse.

Dans certains cas de figure, les amis ne suffiront pas à aider un couple à s’en sortir et la thérapie de couple doit être envisagée. De nos jours, les offres de qualité sont nombreuses et accessibles.
Enfin, il faut aussi être conscient qu’un couple se travaille même lorsqu’il va bien. Le temps affecte la qualité relationnelle de tous les couples si ceux-ci n’entretiennent pas régulièrement leur relation et n’y mettent pas de l’effort. Les temps passés à deux sont essentiels pour permettre à l’autre de savoir qu’il n’est pas invisible et qu’il compte.

*prénoms d’emprunt

Marcus Mockler, journaliste et Susanne Mockler, conseillère conjugale

Magazine Family

Article tiré du numéro Family 2/23 Mai – Juillet 2023

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