Skip to content

«Mes enfants ne veulent plus venir aux activités chrétiennes»

© Istockphoto - DR
Etant lui-même passé par de nombreux soubresauts dans sa vie spirituelle, Natha Buch (photo en médaillon) a fondé l’association Crosspaint pour «aider les jeunes à aimer la Bible de nouveau», puis a récemment publié «Surpris par la crainte» (éd. Maison de la Bible & Crosspaint). Entretien à la fois personnel et pragmatique.
Rachel Gamper

Quels sont les signes avant-coureurs d’un désintérêt pour les activités chrétiennes?

Un manque d’intérêt pour les activités chrétiennes se manifeste avant tout par le fait qu’un jeune n’y participe plus, mais en fait, c’est beaucoup plus complexe. Cela commence bien plus tôt, car un jeune peut participer à des rencontres sans pour autant y impliquer son cœur. C’est justement à ce moment-là qu’il s’agit d’intervenir. Accessoirement, ses comptes Instagram et TikTok peuvent être très révélateurs. Sa façon de s’habiller et de se comporter, également.

Publicité

Comment relancer le dialogue avec son enfant réfractaire?

Tout d’abord, il s’agit de déterminer quel est le sujet le plus brûlant à ses yeux. Attention: je ne dis pas «ce que vous pensez être le nœud du problème», mais «ce que lui voit comme enjeu principal». En effet, si votre enfant pense que sauver le monde est la question la plus importante, alors il vous faut parler de la protection de la planète, même si ce qui vous dérange le plus, c’est qu’il ne lit pas sa Bible.
Vous en doutez? Regardez comment Jésus s’y prend, par exemple, avec la femme de Sichar: il parle de ce qui la préoccupe (l’eau du puits) et ensuite aborde les questions spirituelles. Souvenons-nous: l’incarnation, c’est Jésus qui vient d’abord à nous afin de nous emmener ensuite au Ciel.

Mais comment passer des questions terrestres aux enjeux spirituels?

Une fois que vous avez compris quel est le sujet qui compte le plus pour votre enfant, vous pouvez aborder cette question-là dans une perspective biblique, en lui démontrant que la Bible apporte des réponses à ce souci. Mais votre discours doit toujours être accompagné d’une véritable attitude de parrainage, d’un amour authentique que vous lui transmettez en partageant son cœur et sa situation. Sans oublier de passer du temps avec lui. Il ne s’agit pas seulement d’un processus intellectuel mais d’un don émotionnel et profondément humain.

Par quels moyens peut-on nourrir une spiritualité re-naissante?

La transformation ne peut se faire que par le Saint Esprit. Et comme la Bible est le moyen de communication du Saint Esprit, il s’agit prioritairement de se plonger dans la lecture de la Bible. Ce qui peut vraiment aider, c’est d’encourager son enfant à prendre l’habitude de lire chaque matin un court texte biblique pour lancer une routine. On peut aussi encourager la prière pour que le jeune réagisse à ce qu’il lit et qu’il puisse entendre la voix de Dieu.
J’ajouterais que dans mon propre parcours, un facteur essentiel a été la découverte de témoignages et de biographies. Je me suis dit que si Dieu a agi dans le passé, il est encore capable de le faire aujourd’hui. Ça fait rêver… Et puis, j’ai été encouragé de constater que des personnes qui ont réalisé de belles choses pour Dieu ont aussi connu leur lot de luttes quand ils avaient mon âge.
Enfin, autre facteur de progression spirituelle: la musique chrétienne permet de se recentrer sur les choses de Dieu.

Les ressources chrétiennes en ligne réduisent-elles l’intérêt des activités en présentiel?

Non, parce que je constate que les jeunes aiment énormément se rassembler physiquement. Mais en admettant qu’il y ait concurrence, découvrir ce que recherche mon enfant en ligne peut me donner des pistes pour transposer cela dans son expérience hors ligne et la rendre plus porteuse de sens. D’ailleurs, je suis convaincu que la vie communautaire est particulièrement importante pour la génération actuelle. A mon avis, toute Eglise qui souhaite durablement s’investir dans la vie des jeunes se mettra à fonctionner comme l’Eglise primitive: les premiers croyants «traînaient» tout le temps ensemble…

Que faire si mon enfant accepte les activités chrétiennes mais objecte à celles que je lui propose?

D’après mon expérience personnelle, ce ne sont jamais vraiment des choses extérieures comme le style ou les participants qui font obstacle. Ce que les jeunes veulent et ont toujours voulu, c’est être aimés et être pris au sérieux. Ils veulent constater des progrès dans leur vie. Ils veulent être proches de Dieu. Et si un groupe ne peut pas leur offrir cela, il est voué à l’échec. Quel que soit son style.
Pour moi, ce dont les jeunes ont vraiment besoin, c’est d’être mis au défi. Le responsable ou le pasteur peut être le plus ennuyeux du monde, mais s’il fait vraiment preuve d’amour pour les jeunes et s’investit dans leur vie, il sera apprécié. Parce que la seule chose que les jeunes ne peuvent pas trouver ailleurs dans le monde, c’est l’amour et l’attention authentiques, la certitude de se savoir «vraiment» écoutés.

Dossier: Spiritualité
Thèmes liés:

Publicité