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Atypiques d’une génération à l’autre, et alors?

© Istockphoto
Sonia est porteuse de troubles dys, Gaëlle est haut potentiel intellectuel. Epanouies aujourd’hui, leur parcours singulier s’est construit à force de détachement et d’acceptation. Elles partagent leur histoire.
Christelle Bankolé

Quand Sonia, aujourd’hui âgée de 43 ans, était étudiante à l’université, le diagnostic posé sur sa condition était clair: elle était dysyntaxique, dyslexique et dysorthographiqe.

L’humour au secours des Dys

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«Mes dys se traduisent par des inversions de lettres, des problèmes de syntaxe et beaucoup de fautes d’orthographe. J’ai dû travailler plus dur que les autres et c’est ce qui m’a sauvée. Mais je ne me sens pas du tout atypique», explique Sonia. Ni différente d’ailleurs. Elle s’adapte et compense, prend du recul sur sa scolarité, ignore les commentaires et trouve les moyens d’atteindre son but. Elle est aujourd’hui psychologue spécialisée en gérontologie.
«Mon secret, c’est l’humour», avoue la professionnelle. «Dans ma pratique, je forme des auxiliaires de santé et je les préviens d’emblée: en cas d’allergies aux fautes d’orthographe, ils seront servis! C’est ce qui me permet d’accepter mes dys pour qu’ils ne m’envahissent pas trop», plaisante Sonia. Des troubles cognitifs qui lui permettent néanmoins de développer de la créativité et de grandes capacités relationnelles et d’empathie.

Elle se reconnaît dans son fils

Gaëlle, 42 ans, est maman d’un adolescent. Elle a connu un parcours différent de celui de Sonia: «J’ai vécu ma scolarité avec un an d’avance, sans travailler jusqu’à la faculté. J’étais douée d’exceptionnelles capacités de mémorisation et d’apprentissage. Je m’ennuyais à l’école mais je me suis adaptée au système.»

Impressionnés par ses résultats, ses professeurs insistent pour lui faire passer des tests. Sa mère refusera pour la préserver. «Elle a eu raison», confie Gaëlle, qui poursuit brillamment ses études. Pour son propre fils, c’est différent. Après des mois de pleurs continus à l’école, il finit par être diagnostiqué haut potentiel intellectuel à huit ans.

C’est à ce moment-là que cette maman reconnaît son propre fonctionnement: «Mon fils m’avait toujours semblé normal. Il maîtrisait l’alphabet à vingt-deux mois, la lecture à trois ans et savait lire l’heure à trois ans et demi. Et alors? Moi aussi j’ai appris à ce rythme-là!», avoue Gaëlle. La prise de conscience a permis à chacun de s’adapter. «J’ai accepté la réalité et décidé de faire avec. On ne peut pas attendre du système éducatif ou de notre enfant qu’ils soient tels qu’on le souhaiterait», ajoute-t-elle.

A la maison, elle est la «meilleure prof du monde» et au travail, elle stimule ses stagiaires. Son potentiel, elle en a fait une force, détachée du sentiment de décalage: «J’ai beaucoup d’amis et je reste simple, accessible et sympa. Quand on me questionne sur mon parcours, je l’explique. On est étonné, mais je n’ai rien à prouver. Je ne suis pas une intellectuelle, je suis juste intuitive, authentique et bien dans ma peau», admet la quadragénaire .

Je les préviens d’emblée: en cas d’allergies aux fautes d’orthographe, vous allez être servis!

Transmettre sa force à son enfant

Un équilibre essentiel que souligne aussi Sonia, dont la fille d’onze ans vient d’être diagnostiquée dyslexique: «Lorsque l’on est porteur de troubles cognitifs, il est libérateur d’en parler sans contrainte pour les comprendre et mieux vivre avec. Une fois ces troubles acceptés, forcément, ce sera une force pour aider son enfant à les reconnaître à son tour.»

Dossier: Enfants atypiques
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